Xynthia : le chantier de démolition commence

En Vendée, les ex-habitants des zones sinistrées pleurent leurs maisons vouées à la destruction.

Dans le quartier fantôme des Voiliers, à La Faute-sur-Mer, lourdement touché par la tempête Xynthia en février 2010, c’est le jour J. Le chantier de démolition des maisons situées en zone inondable et rachetées par l’État débutait lundi. Des palissades grillagées sont en train d’être posées autour des maisons, avant de passer à une phase plus lourde. Au total, ce chantier gigantesque va durer quatre ans pour démolir les quelques 700 villas situées sur ce secteur mais aussi dans la commune voisine de L’Aiguillon. Après un travail de désamiantage et de « nettoyage de ce qui peut être recyclé », la destruction proprement dite devrait débuter le 28 mars pour les 95 premières habitations concernées. Une trêve estivale sera respectée du 15 juin au 15 septembre avant que soit alors entamée la destruction des 150 à 200 maisons restantes jusqu’à fin 2011. Quelque 14 autres maisons sont concernées sur la commune voisine de L’Aiguillon. Sur les 823 maisons placées en zone de solidarité dans les deux communes, 696 ont fait l’objet d’offres de rachat par l’État, et sur ce total, 539 sont d’ores et déjà cédées.

Quelques rares badauds
Pour les victimes de la tempête Xynthia, qui avait laissé des centaines de familles sans logis et tué 53 personnes dans la nuit du 27 au 28 février 2010 sur la côte vendéenne, c’est véritablement une page qui se tourne. Pourtant, lundi matin, seuls quelques rares badauds regardaient les préparatifs, non loin de la plaque qui rend hommage aux victimes de la tempête. Parmi eux, ce couple passe avec appréhension. « Rien, même la destruction des maisons ne pourra effacer ce que nous avons vécu », lâche cette retraitée au bord des larmes. Michel Poilasne, retraité et ancien menuisier, qui vit depuis trente ans à La Faute-sur-Mer et a construit sa maison de ses propres mains, tient à en voir de ses yeux la destruction. « C’est essentiel pour moi de vivre cela, explique-t-il lucidement. Je vais tous les jours voir cette maison, alors le dernier jour, je voudrais la voir… une dernière fois. » Il sait cependant que pour lui ce sera un événement douloureux de plus.

De son côté, Léon a choisi de résister et de rester coûte que coûte dans sa demeure au bout de la pointe d’Arcay. Comme elle n’est pas précisément située en zone d’expropriation obligatoire, il a refusé de la vendre. « C’est un immense gâchis, lance-t-il. La plupart de ces maisons sont encore habitables et il faudrait surtout consolider la digue. » Pour le maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, en revanche, « cette zone de sépultures ne peut pas durer et il faut maintenant essayer de voir l’avenir ».

Pour beaucoup d’habitants, c’est encore difficile. Ainsi, Christiane Guérin, 64 ans, a tout perdu dans la nuit du 27 au 28 février 2010. Elle a beaucoup de difficultés à s’en remettre. « On ne pourra jamais tourner la page, c’est trop dur », explique-t-elle, la gorge encore nouée. Pour les anciens occupants des zones sinistrées, un centre de soutien psychologique est ouvert. Certains, ici, évoquent le drame qui se déroule actuellement au Japon, qui les a replongés dans la nuit du drame. Nadette et Michel Leroy, qui étaient venus passer leur retraite à La Faute-sur Mer, eux, ne viendront pas assister à la destruction de leur maison. « Pour y chercher quoi ? soupire Nadette Leroy. C’est déjà assez dur comme cela. D’ailleurs, nous nous sommes réinstallés à quelques kilomètres et nous n’y retournons quasiment jamais. »

Par Aude Seres, le 15 mars 2011, www.lefigaro.fr


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes