Xynthia : un élu de La Faute-sur-Mer placé en garde à vue

Quatorze mois après la catastrophe, la procédure judiciaire suit son cours.

Les pages se tournent pour les victimes de la tempête Xynthia. Dans le quartier de La Faute-sur-Mer où 29 personnes sont mortes noyées le 28 février 2010, les maisons sinistrées sont en cours de démolition. La procédure judiciaire entre, elle, dans une nouvelle phase. Après des mois passés à rassembler les documents d’urbanisme nécessaires à leur enquête, les gendarmes de la section de recherche d’Angers ont commencé à entendre les élus locaux qui ont autorisé la construction de pavillons dans ce quartier inondable situé sur d’anciens marais, sous le niveau de la mer.

Jeudi, Patrick Maslin, adjoint au maire et membre de la commission d’urbanisme, a ainsi été placé en garde à vue durant plusieurs heures, avant d’être relâché dans la soirée. Il n’a pas été mis en examen. Cet élu, qui préside l’office du tourisme de La Faute-sur-Mer, est aussi responsable d’une entreprise de construction. Il aurait, à ce titre, contribué à l’édification des lotissements Les Doris et Les Voiliers, à partir des années 1990. « Comme beaucoup d’autres entreprises des environs », précise le maire du village, René Marratier, rappelant que les terrains concernés ont été classés en « zones à urbaniser » dès 1982, soit sept ans avant son élection à la mairie. « L’équipe municipale a donné son autorisation de lotir, après une instruction classique par les services de l’État. La préfecture a exercé un contrôle de légalité en bonne et due forme », ajoute l’élu.

René Marratier, qui gère aussi une entreprise de transports, sera à son tour entendu par les gendarmes mercredi, tandis que sa première adjointe, Françoise Babin, est convoquée mardi. Bénéficiant d’une délégation de signature, cette élue a approuvé de nombreux permis de construire. Son fils, promoteur immobilier, était par ailleurs propriétaire de certaines parcelles. « Les enquêteurs cherchent à comprendre dans quelles conditions ces autorisations de construire ont été attribuées. Le dossier est déjà très riche » , explique Corinne Lepage, avocate de l’Association des victimes de La Faute-sur-Mer (Avif), qui s’est constituée partie civile.

La gestion de la crise par les pouvoirs publics, alors qu’une alerte rouge avait été lancée par Météo-France, est un autre chapitre de l’enquête. Après une longue enquête préliminaire, une information judiciaire a été ouverte fin novembre au tribunal de grande instance des Sables-d’Olonnes pour « homicide involontaire », « mise en danger de la vie d’autrui », « abstention de combattre un sinistre » et « prise illégale d’intérêt ». Un juge d’instruction a été désigné.

C’est dans ce cadre que des perquisitions ont été menées, en février, à la mairie de La Faute-sur-Mer pour récupérer des documents d’urbanisme. Plusieurs fonctionnaires ont également été entendus comme témoins, dont Jean-Jacques Brot, le préfet de la Vendée.

Par Delphine Chayet, le 8 avril 2011, www.lefigaro.fr

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