La SNCF, la DB et le steward plaident la relaxe

La SNCF et la Deutsche Bahn ont plaidé, sans surprise, leur relaxe, hier à Nancy, dans le procès de l’incendie du train Paris-Munich. L’accompagnateur allemand admet du bout des lèvres une seule imprudence.

Du droit, beaucoup de droit. Les quatre avocats de la défense ont balisé, hier, à tour de rôle, le chemin juridique que devront emprunter les trois juges chargés de donner leur analyse sur l’incendie du train Paris-Munich. Feu mortel pour douze voyageurs le 6 novembre 2002, dans la voiture-lit de la Deutsche Bahn, non loin de la gare de Nancy.

Les deux avocats de la SNCF, M es Quentin et Robinet, prennent la parole en premier. M e Bruno Quentin s’attache à réfuter toute faute pénale pour la personne morale. « L’ordonnance de renvoi vise des fautes d’agents de la SNCF. Cela n’engage en rien la responsabilité pénale de la personne morale », rappelle-t-il. Puis il détaille point par point les manquements reprochés, tout en rappelant que « la voiture était conforme à la réglementation ».

Des heures d’audience ont été consacrées à l’absence de communication du wagon avec le reste du train et la locomotive. « La communication existait bien, c’était le signal d’alarme », estime l’avocat parisien en plaidant la relaxe. Son confrère nancéien, M e François Robinet, s’attaque à l’absence de lien certain entre les fautes et les décès. « En quelques minutes, les fumées ont envahi le wagon », souligne-t-il. Les deux compagnies ferroviaires sont d’accord sur la vitesse de propagation de l’incendie. « Il a atteint son paroxysme en cinq à six minutes », estime M e Robinet. « C’était une question de secondes », dira un peu plus tard M e Asselineau, conseil de la Deutsche Bahn. Soudaineté qui interdit, selon les deux compagnies, tout secours rapide. Elles sollicitent leur relaxe.

Délibéré le 16 mai

La tâche de M e Grégoire Lafarge, défenseur parisien de Volker Janz, l’accompagnateur, est rude. Durant deux heures et demie, il passe en revue tout le dossier d’accusation. « Il n’est rien d’autre qu’un réceptionniste d’un hôtel qui roule. Il n’a aucun pouvoir de sécurité », renvoyant celui-ci à la SNCF. « Dans le wagon, il n’y avait pas d’autre moyen de se parler qu’en entrant en contact direct ». M e Lafarge sollicite la relaxe pour les quatre fautes reprochées après l’incendie. Enfin, il fustige l’accusation : « Depuis des années, on lui demande d’être un héros, de se jeter dans le couloir, de courir après un extincteur, de réveiller les passagers, d’ouvrir les portes. Si on veut qu’au moment d’une catastrophe, un homme en ait la maîtrise, on l’encadre et on le forme ». Sur l’imprudence, le sac placé sur la plaque chauffante cause de l’incendie, M e Lafarge déplore « l’absence de résidus sur la plaque. J’ai des doutes. Cependant, si cette faute est établie, je serai bien jugé et je l’admettrai ».

Délibéré le 16 mai.

M.-O. N. pour le Républicain Lorrain publié le 26 mars 2011.


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