Crash Rio-Paris : La délicate mission du repêchage des corps

CATASTROPHE – Comment sont-ils remontés ? Quels sont les risques ? « 20Minutes » fait le point...

Depuis mercredi soir, une délicate mission est en cours au large du Brésil, dans les eaux de l’Atlantique sud. Objectif : repêcher une partie des dizaines de corps toujours immergés au sein de la carlingue de l’A333 d’Air France qui s’est abîmé au cours du vol AF447 Rio-Paris le 1er juin 2009. Un premier corps a été remonté jeudi. Sur les 228 passagers, seuls 60 avaient été repêchés en surface, rappelle Le Figaro. Comment va se dérouler l’opération ? Quels risques présente-t-elle ? 20Minutes fait le point.

Comment se déroule l’opération ?

Le Remora 6000, un sous-marin de la société américaine Phoenix International équipé d’une caméra et de bras articulés, est utilisé depuis le navire Ile-de-Sein pour aller repérer et récupérer les corps à 4.000 mètres de profondeur. « Il permet de repérer et d’identifier les éléments susceptibles d’être remontés. Ensuite, avec ses bras, il les place dans un panier qui est remonté à la surface avec le treuil du navire », explique dans France Soir Laurent Dunoyer de Segonzac, chargé de la communication chez Alcatel-Lucent, l’une des deux sociétés qui affrètent l’Ile-de-Sein.

Dans quel état sont les corps ?

Après vingt-trois mois passés au fond de l’océan, les corps seraient relativement bien conservés. « A près de 4.000 mètres, l’eau est très froide, autour de 0 ou 1 degré. Les corps devraient être assez bien conservés », relevait en avril dernier Philippe Werson, chef du service de médecine légale d’Evry dans le Quotidien du Médecin. En outre, la décomposition des corps a été « stoppée par l’hyper-pression, la rareté de la lumière et de l’oxygène », notait un confrère de Nantes interrogé par Le Télégramme. La faible présence de micro-organismes à cette profondeur est également invoquée pour expliquer cette bonne conservation. Enfin, l’humidité et la faible présence d’oxygène favorisent le phénomène de la saponification, qui transforme les graisses humaines en une sorte de savon, bloquant la putréfaction.

Quels sont les risques de la remontée ?

Une dégradation et une dislocation des corps. « Restée immergée durant deux années environ à une profondeur de 3.900 mètres, la dépouille, toujours attachée sur un siège de l’aéronef, apparaît dégradée », a reconnu, dans un communiqué, la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) après la remontée d’une première victime jeudi. Exposé à une température plus élevée et à l’air, le corps risque de se disloquer et de s’oxyder. C’est pourquoi la DGGN s’est montrée prudente : « De fortes incertitudes subsistent quant à la faisabilité technique de la remontée des corps », a-t-elle prévenu. Celle-ci devrait toutefois permettre d’identifier les victimes repêchées grâce à des tests ADN.

Comment réagissent les familles ?

Elles sont très divisées face à cette opération, vis-à-vis de laquelle elles n’ont pas eu leur mot à dire puisqu’elle est effectuée dans le cadre d’une commission rogatoire délivrée en juin 2009 par les juges Zimmermann et Daurelle du tribunal de grande instance (TGI) de Paris. Si les familles brésiliennes des victimes souhaitent que tous les corps soient remontés à la surface, les familles françaises sont plus partagées. Certaines « ont réagi en estimant que le repêchage d’un premier corps ouvre une nouvelle phase "très difficile" pour elles, voire "traumatisante" pour celles qui y sont opposées », selon Jean-Baptiste Audousset, président de l’association Entraide et Solidarité AF447.

Catherine Fournier - 20minutes - publié le 6 mai 2011


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