Tous les ans, 20.000 victimes d’accidents de la vie courante

INFO LE FIGARO - Ils occasionnent 5 millions d’admissions aux urgences et 400 000 hospitalisations.

Chaque année, les accidents de la vie courante tuent 20.000 personnes, soit cinq fois plus que le nombre de tués sur la route, et occasionnent 5 millions d’admission aux urgences… Une étude, que Le Figaro a consultée, menée par l’observatoire Calyxis des accidents de la vie courante, un outil de surveillance et de recherche sur l’accidentologie de trois mutuelles d’assurances - Macif, Maif et Maaf -, permet de mieux comprendre le phénomène.

Un accident de la vie quotidienne sur cinq se déroule ainsi à la veille du week-end, et les villes de moins de 5000 habitants sont deux fois plus touchées que la moyenne. « La fin de semaine signifie un relâchement de l’attention, souvent à l’origine de ce type d’accident, explique Catherine Sztal-Kutas, directrice générale de Calyxis. Par ailleurs, dans les petites villes, les pavillons sont souvent peu adaptés aux personnes âgées, et de nombreux accidents se passent dans les jardins. »

Selon Bernard Thélot, médecin épidémiologiste à l’Institut de veille sanitaire, les quelque 10 à 12 millions d’accidents constatés chaque année conduisent à environ 400.000 hospitalisations.

En recul pour les enfants
La palette de ces accidents, souvent évitables, va de la chute à l’accident de jardinage, en passant par les noyades ou encore les accidents de sports. Un phénomène également regardé de près par les employeurs : pas moins de 10% des arrêts maladie dans les entreprises sont en effet consécutifs à des accidents de la vie courante.

Les hommes sont majoritairement touchés (60%), notamment dans le cadre d’accidents de bricolage, de jardinage et de sport. Dans les accidents de bricolage, soulignés dans l’étude de Calyxis, l’hôpital est sollicité dans 80% des cas et la victime est hospitalisée une fois sur deux, un taux supérieur à la moyenne. Les accidents survenus à la maison, qui concernent près de 40% du total, touchent autant les femmes que les hommes, note l’étude. Il s’agit à plus des deux tiers de chutes, les coupures représentant 13% et les chocs, 10%.

Selon les experts, des efforts ont pourtant été réalisés ces dernières années en ce qui concerne les accidents arrivant aux enfants, qui ont reculé mais engendrent encore 230 décès par an chez les moins de 15 ans. Dans ce domaine, les adaptations de prise électrique - qui ont permis de faire baisser de moitié le nombre des morts par électrocution en France -, mais aussi des progrès importants autour des blocages de portes ou des produits ménagers ont permis de limiter les risques.

Même si les normes ont été renforcées, il reste encore beaucoup à faire. Un exemple parmi d’autres : la récente loi sur 2015 à installer un détecteur automatique de fumée dans son logement en France. En Norvège, où une loi analogue date de 1978, 98% des logements sont équipés, 89% le sont au Royaume-Uni et 88% en Suède. On constate une baisse de 50% du nombre de morts par incendie dans ces pays. Or, aujourd’hui, les brûlures sont responsables de 500 morts par an en France. Les mentalités doivent encore évoluer, estiment les experts. Autre exemple : les accidents de jardinage. Car, même si les dispositifs de sécurité et des équipements de protections perfectionnés existent, de nombreuses personnes pensent pouvoir s’en passer.

« Diversité des causes »
Aujourd’hui, les experts veulent intensifier la prévention. Selon Bertrand Thélot, « une étude américaine a montré qu’un tiers des décès pourraient être évités si l’on optimisait les messages de prévention et d’application de la réglementation ».

Mais le sujet reste vaste. « Ce qui rend difficile le traitement de ce sujet en termes de prévention, c’est la diversité des causes, qui empêche d’avoir un discours homogène et unique, comme pour la sécurité routière », explique Luc Machard, président de la Commission de sécurité des consommateurs.

Par Aude Seres - Le Figaro - publié le 25 mars 2011


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