Rio-Paris : les corps trop abîmés pas remontés, les boîtes noires jeudi à Paris

La justice française a prévenu mardi les familles des victimes du crash du Rio-Paris que les corps de leurs proches qui seraient trop altérés et impossibles à identifier ne seront jamais repêchés, au moment où les boîtes noires de l’Airbus d’Air France sont attendues jeudi au Bourget.

Deux ans après la catastrophe qui a fait 228 morts le 1er juin 2009 au large du Brésil, deux juges d’instruction ont écrit aux familles pour les avertir que les dépouilles trop abîmées ne seraient pas remontées du fond de l’Atlantique.

"Pour préserver la dignité et le respect" des victimes et de leurs proches, "nous avons pris la décision de ne pas relever les restes trop altérés", écrivent les magistrats Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle, dans un courrier dont l’AFP a eu copie.

Par conséquent, "il a été décidé de ne remonter que deux dépouilles dans des états différents de conservation, afin de déterminer si l’identification est ou non réalisable après un long séjour au fond de l’océan".

En fin de semaine dernière, deux corps de passagers ou membres d’équipage de l’A330 du vol AF447 ont été récupérés.

"Vous devez savoir que les dépouilles des victimes se trouvant par le fond sont inéluctablement dans un état dégradé à la suite du choc particulièrement violent, du temps écoulé et du milieu environnant", préviennent les juges. de plus, "la remontée à la surface est nécessairement un facteur supplémentaire de dégradation".

"Par conséquent, nous ne procéderons qu’au relevage des victimes que l’on peut décemment remettre aux familles à condition qu’elles puissent être identifiées", écrivent-ils.

"Dans l’hyptohèse où l’identification se révélerait impossible, nous estimons que le respect des disparus et de vous-mêmes commande qu’ils reposent en paix dans leur dernière demeure", concluent les juges.

Quatre spécialistes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) vont rejoindre les équipes déjà sur place, précisent les magistrats, jugeant "impossible de prendre une décision qui rencontrerait l’agrément de l’ensemble des familles françaises et étrangères".

La semaine dernière, Jean-Baptiste Audousset, président de l’association Entraide et Solidarité AF447, avait jugé que le repêchage du premier corps ouvrait une phase "très difficile" voire "traumatisante" pour les familles qui y sont opposées. De leur côté, les familles brésiliennes veulent que tous les corps soient remontés.

L’accident reste inexpliqué.

Les enquêteurs ont déterminé que la défaillance des sondes de vitesse de l’appareil, dites Pitot du fabricant Thales, était l’une des causes de la tragédie mais ne pouvait être la seule.

Les familles attendent donc jeudi l’arrivée au Bourget des boîtes noires de l’avion, repêchées début mai par la Marine Nationale et qui seront analysées par le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA).

Le BEA tiendra un point de presse au Bourget jeudi à 10H00, en présence du procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin et de représentants de la gendarmerie. Air France et Airbus (groupe EADS) ont été mis en examen pour homicides involontaires.

Les boîtes noires ont été retrouvées dans le champ de débris de l’appareil, localisé le 3 avril lors de recherches sous-marines.

Elles sont restées 23 mois au fond de l’océan, un record, et personne ne sait encore si elles sont lisibles. Pour les conserver dans leur état actuel, elles ont été placées dans dans un conteneur rempli d’eau. En raison de l’enquête judiciaire, ces enregistreurs sont sous scellés.

www.lepoint.fr - Publié le 10/05/2011


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