Caravelle Ajaccio-Nice : nouveaux témoignages

Ce lundi, le tribunal a accédé à la demande de la défense en renvoyant à la fin de l’année un dossier qui, 40 ans plus tard, alimente toujours les polémiques

« Nous ne sommes pas juste une association de boulistes… Ces personnes ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille. C’est tout simplement méprisant la façon dont le tribunal les traite aujourd’hui »

Coup de colère, hier après midi, dans la salle des pas perdus du tribunal de Nice. Quarante-trois ans après le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice, l’association des familles de victimes va encore devoir patienter. L’examen de la procédure exceptionnelle qu’elle a introduite a été renvoyé au 12 décembre prochain.

En effet en citant à comparaître, hier, le ministère de la Défense pour « homicide involontaire par personne morale le 11 septembre 1968 »*, les parents des victimes voulaient faire entendre de nouveaux témoignages. Mais la procédure pourrait ne pas être recevable.

Colère de la partie civile

Mes Stéphane Nesa et Paul Sollacaro – les conseils de l’association portée par les frères Mathieu et Louis Paoli qui n’ont de cesse de réclamer la vérité depuis plus de quarante ans – déploraient amèrement les motifs du renvoi prononcé quelques minutes auparavant par Mme Moreau-Zalma, la présidente de la 5e chambre correctionnelle : « On nous dit que l’association n’a pas qualité à agir. Mais dans le même temps on demande à mes clients de fournir les statuts de l’association ainsi que la liste de tous les adhérents… Pas de problème, on le fera. Et on reviendra avec de nouveaux témoignages encore plus frappants ».

Agacés mais pas démotivés. Me Stéphane Nesa ajoutait d’ailleurs : « Je suis satisfait de constater que Madame la présidente n’a pas exclu notre demande de question prioritaire de constitutionnalité. Cela veut dire que cette procédure est toujours en cours. Et que si elle arrive jusque devant la Cour européenne de justice, l’état ne pourra pas s’y soustraire ».

Après avoir été plusieurs fois déboutée par la justice, l’association n’a trouvé que ce levier juridique pour qu’enfin soit relancé le dossier du crash. « On nous rabâche la prescription des faits. Nous, nous dénonçons l’attitude du parquet dans cette affaire. Depuis 2006, nous avons apporté suffisamment d’éléments nouveaux pour la relancer. Aujourd’hui, les dossiers Agnelet, Colonna ou encore Grégory sont réexaminés. Pourquoi pas celui de la Caravelle ? », s’entête Me Sollacaro. C’est pourquoi les familles de victimes demandent de nouvelles investigations. Notamment sur ce qu’il reste de la carlingue qui repose toujours au fond de la Méditerranée. Et vérifier ainsi la thèse du réacteur détruit par un missile.

Des témoignages édifiants

Mathieu Paoli enfonce le clou : « Nous avons bien réussi à faire remonter des débris du Rio-Paris qui se trouvaient par moins 4 000 m de fond. Alors pourquoi pas un élément de la Caravelle qui n’est qu’à moins 2000 m ? C’est très important au regard des témoignages que nous étions prêts à ajouter au dossier ».

Mais de témoignages, hier, il n’y en a pas eu. Que ce soit celui de cet ancien chef de chantier qui, le 11 septembre 1968, a observé une lumière bleue dans le ciel se dirigeant vers le fameux réacteur. Ni celui de cet ancien secrétaire de la base aérienne du Mont-Agel qui avait noté l’apparition sur les radars d’un OVNI se dirigeant vers l’avion d’Air France…

« Vous savez, c’est en Corse que l’association a le plus de relais », ajoutait pour conclure Me Nesa. « Cela fait plus de 40 ans que chaque fois que l’on prend l’avion à Ajaccio, on passe devant cette stèle qui rappelle ce terrible drame. Là, on nous dit que l’association n’a pas d’intérêt et qu’il lui faudrait un agrément du ministère de la Justice. C’est juste désolant… »

*Son avocate, Me Cottray-Lanfranchi, n’a pas souhaité réagir.

Nice-Matin - Publié le mardi 03 mai 2011


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