Bugaled Breizh : 7 ans après, les investigations de la dernière chance

RENNES — Sept ans après le naufrage du chalutier Bugaled Breizh et la disparition des cinq membres d’équipage, le 15 janvier 2004, l’enquête se déplacera cette année vers les Etats-Unis, dernière étape avant un non-lieu, si aucune responsabilité ne peut être établie et aboutir à des mises en examen.

Collision avec un sous-marin ou accident de pêche ? Les investigations n’ont pas permis de conclure, faute d’éléments matériels probants ou de témoins directs du drame intervenu le 15 janvier 2004 au large des côtes britanniques, même si la thèse d’un sous-marin agresseur reste privilégiée.
Les juges d’instruction ont en effet affirmé que la responsabilité d’un sous-marin était "hautement probable", appuyant ainsi la thèse toujours défendue par le monde de la pêche. L’enquête administrative du BEA mer avait elle conclu au contraire, sans réserve fin 2006, à l’accident de mer dû à une "accumulation d’un certain nombre de facteurs" consécutifs à "l’enfouissement ou à la croche du train de pêche dans le sable".

Désormais, la feuille de route des juges nantais Jacky Coulon et Robert Tchalian, en charge du dossier depuis la suppression du pôle d’instruction du tribunal de Quimper, est tracée vers le Pentagone : ils attendent que celui-ci révèle la position des sous-marins US nucléaires d’attaque le jour du naufrage, conformément à la décision de la chambre de l’instruction de Rennes de juillet dernier, confirmée en décembre par un arrêt de la cour de cassation.

La justice entend ainsi vérifier le scénario décrit par l’expert judiciaire sous-marinier Dominique Salles qui, dans un rapport commandité par la cour d’appel, a affirmé "qu’il existe une probabilité pour qu’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) américain soit impliqué dans le naufrage".
"C’est probablement dans le cadre d’une mission de surveillance préparatoire à un transport de plutonium devant se dérouler quelques mois plus tard qu’un sous-marin américain patrouillait en Manche le 15 janvier 2004 en matinée, y a accroché une fune du chalutier, peut-être sans en avoir eu conscience, et n’a, sans doute, pas eu conscience du naufrage", avait décrit l’expert.

Le chalutier breton a coulé dans une zone de manoeuvres militaires de l’Otan, et d’exercices de la Marine britannique.

Un temps suspectés, les commandants des sous-marin néerlandais Dolfin et britannique le Turbulent ont indiqué aux enquêteurs, journaux de bord à l’appui, qu’ils se trouvaient "hors de portée de la zone du naufrage". Des déclarations contestées par des parties civiles, ainsi que par des enquêtes privées mais qui ne devraient pas avoir d’incidence sur le cours de la justice.

Reste la piste américaine qui, si elle n’aboutit à aucune certitude, conduirait l’affaire vers une ordonnance de non-lieu.
D’autant plus que la chambre de l’instruction a écarté plusieurs autres investigations, notamment celle concernant la panne d’enregistrement des communications du Cross (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) du cap Gris-Nez immédiatement après le naufrage. A également été rejetée une demande d’audition de la ministre de la Défense de l’époque, Michèle Alliot-Marie, ou de hauts responsables militaires.

Le Bugaled Breizh avait été retrouvé à environ 80 m au fond de l’eau, au large du cap Lizard, avec 140 mètres de câble supplémentaire déroulé côté bâbord. Un élément qui, selon certains experts et les parties civiles, aurait pour origine une collision avec un sous-marin qui aurait entraîné le navire par le fond.

L’incident pourrait également provenir d’un problème technique ou d’une croche (accident de pêche), selon d’autres experts.

De Frédéric GAULIER (AFP) – publié le 14 janv. 2011


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