Ghislenghien : déception et inquiétude parmi les victimes

David Da Palma souligne que "c’est très décevant. Le mot est faible. Il a quelque chose de très chaotique dans ce jugement. La seule condamnation fait état d’un sursis. Moi, je suis en sursis depuis 2004"

TOURNAI Le jugement du tribunal correctionnel de Tournai, qui a acquitté 11 des 14 prévenus dans le cadre de la catastrophe de Ghislenghien, a déçu des victimes qui avaient été nombreuses à se constituer partie civile.

Elles s’inquiètent également des indemnisations. David Da Palma, un ouvrier qui a été grièvement brûlé dans la catastrophe, souligne que "c’est très décevant".

"Le mot est faible. Il a quelque chose de très chaotique dans ce jugement. La seule condamnation fait état d’un sursis, et de la confiscation du Bomag. Moi, je suis en sursis depuis 2004’", dit-il.

"Je vois qu’en bout de course, nous sommes, nous, doublement victimes, de la catastrophe industrielle et de cette catastrophe judiciaire", poursuit-il.

Les victimes craignent désormais de ne pas pouvoir obtenir les indemnités qu’elles espéraient faute de condamnés solvables. Me Jean-Paul Tieleman, avocat de 70 parties civiles, a de son côté dit espérer que le parquet ira en appel.

A ce titre, la députée fédérale Marie-Christine Marghem (MR) déplore que l’indemnisation pour compte de qui il appartient, qu’elle préconise, ne soit pas d’application pour ce type de catastrophe majeure et que ses propositions de loi, déposées dans ce sens depuis plusieurs années, n’aient pas été prises en compte.

Dans le cas de catastrophe majeure et de victimes multiples, les contrats d’assurances des personnes reconnues civilement responsables sont bien souvent trop étriqués, ce qui risque d’être le cas dans le cas de la catastrophe de Ghislenghien s’il n’y a pas appel et révision du jugement. Les prévenus les plus solvables comme Fluxys et Husqvarna ont en effet été acquittés.

Il aurait fallu mettre tous les assureurs autour de la table pour qu’ils indemnisent les victimes et, à l’issue du procès, s’accordent entre eux sur le règlement des montants respectifs, estime Mme Marghem : "Les victimes auraient été indemnisées. Or ici, ce sont à ces victimes de reprendre le flambeau en allant en appel".

"Mes anciennes propositions de loi n’ont pas été prises en compte car le gouvernement disait qu’il viendrait avec des projets", dit Mme Marghem qui annonce qu’elle redéposera cette semaine au parlement ses propositions.

© La Dernière Heure 2010 - publié le 22 février 2010


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