Appel Ghislenghien : plusieurs prévenus disent leur compassion et leur souffrance

Les prévenus ont eu l’occasion de s’exprimer une dernière fois avant que le dossier de la catastrophe de Ghislenghien ne soit pris en délibéré
MONS L’architecte, le "relationnel technique" de la société Jouret, l’administrateur délégué de la société Tramo et son conducteur des travaux ont pris la parole.

"Cela fait bientôt sept ans que la catastrophe a touché les victimes physiques et leur famille, leur occasionnant des souffrances. Mais ça a touché d’autres personnes moralement, comme moi", a commenté Erwin Persoons, l’architecte de la nouvelle usine de Diamant Boart (aujourd’hui Husqvarna Belgium) sur le chantier de laquelle l’explosion d’une conduite de gaz s’est produite.

"Depuis 25 ans, je suis considéré comme un architecte professionnel et prudent.
Je jure que je n’étais pas au courant des changements de niveaux de sol avant la catastrophe, sinon j’aurais contrôlé, refait des plans avant de donner l’autorisation d’exécuter les travaux", a-t-il avancé. Cette modification des niveaux de sol, reportée sur un plan, a induit les ouvriers en erreur et ont permis l’utilisation d’une fraiseuse Bomag à un endroit où elle a rencontré la conduite de gaz.

Pierre Stadsbader, administrateur délégué de Tramo, l’entreprise qui a réalisé les travaux de terrassement de la partie voirie du chantier, a expliqué "avoir suivi les débats pour comprendre ce qui s’est passé". "J’ai l’impression que les collaborateurs de Tramo ont été trompés sur ce chantier", a-t-il commenté, précisant que depuis 2004, la société avait dû se battre pour regagner la confiance de ses collaborateurs, d’abord, et de ses clients.

Kristof Dewaele, le conducteur de travaux de Tramo présent le jour où le Bomag a heurté la conduite, a dit toute sa compassion pour les victimes et les images qui le hantent. "Je suis marqué pour le reste de ma vie. Je peux m’estimer heureux de ne pas avoir été présent le jour de la catastrophe, mais en même temps, peut-être que si j’avais été là, on aurait trouvé plus vite l’origine de la fuite et il n’y aurait pas eu un tel bilan humain."

Henri Capron, le relationnel technique de la société Jouret, associée à Tramo pour réaliser la voirie et l’égouttage du chantier, a enfin salué "le courage et la ténacité des victimes". Il a raconté "son traumatisme d’être allé sur place une heure après l’explosion". "Les images apocalyptiques resteront gravées à jamais."

Comme l’architecte avant lui, il s’est indigné de l’image donnée des gens du terrain par le conseil d’Husqvarna. "Je m’insurge contre l’image de ’médiocres’ qu’on a voulu véhiculer." Estimant que "la réalité du terrain est très différente du droit", M. Capron pense que s’il devait refaire ce chantier avec les informations qu’il avait alors, il le referait à l’identique. "Maintenant, avec ce que je sais, je le referais autrement", a-t-il conclu.

L’arrêt sera rendu le 28 juin. Il pourrait être prononcé dans la salle des pas perdus des cours de justice de Mons, selon les premières informations délivrées par le premier président de la cour d’appel, Jean-Louis Franeau.

© La Dernière Heure 2010 - publié le 17 mars 2010


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes