Vol Rio-Paris : les boîtes noires commencent à livrer leurs secrets

Selon le Bureau d’analyses et d’enquêtes, il n’y aurait pas, à ce stade de l’enquête et après une première lecture des boites noires, eu de dysfonsctionnement majeur sur l’Airbus d’Air France assurant le vol Rio-Paris.

Si le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a promis un rapport d’étape cet été sur la catastrophe inexpliquée du vol AF 447 d’Air France reliant Rio à Paris, des premières indications semblent toutefois sortir des boites noires en cours d’analyse. Une première lecture de ces fameux enregistreurs ne laisse pas apparaître de "dysfonctionnement majeur" sur l’avion Airbus, a indiqué mercredi 18 mai Alain Bouillard, directeur de l’enquête technique. Pas de panne électrique totale ou de moteurs donc, ou des alarmes incompréhensibles dans le cockpit, selon lui.
"Maintenant, on ne dit pas qu’il n’y a pas des dysfonctionnements moins importants", explique-t-il.
Airbus mis hors de cause ?

Des informations de presse sorties mardi faisait savoir que l’examen des boîtes noires tendait à mettre hors de cause Airbus, suscitant des appels à la prudence du BEA. Lundi, Airbus a envoyé une note (AIT, "Accident information telex") à ses clients de l’A330 afin de leur dire, qu’à ce stade de l’enquête, ils n’ont pas de mesures supplémentaires à prendre sur leurs appareils.

La première lecture "ne présage pas que demain, ou après-demain, ou dans 8 jours, un autre AIT ne sorte pour dire +après des analyses complémentaires des paramètres, nous demandons aux opérateurs de modifier ceci ou cela+", a souligné Alain Bouillard.

Il est d’usage pour les avionneurs d’informer les compagnies aériennes des mesures à prendre sur les appareils, en fonction de l’avancement de l’enquête sur un accident.

Depuis le 1er juin 2009, date de l’accident, Airbus a déjà publié six avis sur l’AF447. L’avionneur avait notamment recommandé de remplacer au moins deux sondes Pitot du français Thales sur trois par celles de l’américain Goodrich.

Jusqu’ici, le dysfonctionnement (givrage à haute altitude) des sondes Pitot Thales, qui mesurent la vitesse de l’appareil, est la seule défaillance établie de la catastrophe. Il ne peut cependant expliquer à lui seul l’accident.
Le P-DG de Thales, Luc Vigneron, a de son côté fait savoir qu’il attendait les résultats de l’enquête pour se prononcer. "Les équipements que nous fabriquons sont fabriqués sur spécification de nos clients, en l’occurence l’avionneur, et deuxièmement ces équipements sont certifiés", a dit Luc Vigneron.

Air France condamne les rumeurs

"La vérité demande un minimum de temps", a déclaré Thierry Mariani, secrétaire d’Etat aux Transports, lors des questions à l’Assemblée nationale mardi.

L’autre entreprise impliquée dans l’accident, Air France, s’en remet d’ailleurs aux enquêteurs et estime qu’"il convient de laisser le BEA travailler sereinement et en toute indépendance", a déclaré à l’AFP un porte-parole de la compagnie.

Pour Air France, "le stade actuel de l’enquête ne permet pas de définir une quelconque responsabilité de l’un des acteurs pas plus qu’une quelconque exemption de responsabilité".

Par ailleurs, dans un message interne au personnel, dont l’AFP a obtenu copie, le directeur général d’Air France-KLM Pierre-Henri Gourgeon a condamné les rumeurs d’erreur de pilotage, qui portent atteinte "à la mémoire de nos pilotes".

"Je réaffirme toute ma confiance dans leur professionnalisme", a-t-il écrit.
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) considère que "la seule information" à ce jour est "qu’Airbus ne recommande pas à ce jour de modification de procédure aux compagnies aériennes".

Le syndicat rappelle par ailleurs qu’Airbus a déjà modifié des procédures, notamment celle de "sortie du décrochage" de l’appareil depuis l’accident.

Challenges.fr - Publié le 19 mai 2011


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