Rio-Paris : les syndicats de pilote dénoncent les "fausses allégations"

Le syndicat de pilotes d’Air France (SPAF) a déploré, mardi 24 mai, les "informations partielles" et les "fausses allégations" parues dans la presse au sujet de l’accident du Rio-Paris. "Air France et son personnel navigant technique respectent la réglementation internationale en utilisant sur long-courrier des équipages renforcés par un ou deux pilotes, tous confirmés et expérimentés", écrit le SPAF dans un communiqué. "Les repos, dont celui du commandant de bord, sont réglementairement prévus et organisés afin d’assurer la permanence de la fonction de commandement", poursuit le syndicat, partie civile dans le dossier sur l’accident du vol Rio-Paris qui a fait deux cent vingt-huit morts en juin 2009. "Nous déplorons que des informations partielles soient exploitées dans les médias, alors que de fausses allégations ont été portées à l’encontre de la compagnie Air France et de nos collègues disparus" dans le Wall street Journal et le Spiegel, poursuit le syndicat.

Plus tôt, le premier syndicat de pilotes français, le SNPL déplorait la diffusion d’"allégations non confirmées" sur l’accident du vol d’Air France Rio-Paris, qui peuvent laisser "planer des soupçons infondés" sur le comportement de l’équipage. "Une des dernières rumeurs fait état de l’absence du commandant de bord au cockpit lors du début de l’événement, laissant une nouvelle fois planer des soupçons infondés sur le comportement professionnel de l’équipage", a noté le syndicat. Or "sur de tels vols longs, un pilote de renfort est obligatoirement prévu afin que chacun des membres de l’équipage puisse prendre du repos à un moment du vol", note le SNPL. "Deux pilotes restent en permanence aux commandes conformément aux règles de certification de l’avion, ce qui était bien le cas en l’espèce", fait encore valoir le syndicat.

Pour le Wall Street Journal, l’accident de l’AF-447 est dû à des erreurs de pilotage et à un mauvais suivi des procédures habituelles. Les pilotes d’Air France ont été "apparemment distraits par des indicateurs de vitesse en dysfonctionnement et n’ont pas réagi correctement face à d’autres éléments cruciaux du vol, comme l’ajustement de la poussée de l’appareil", explique le quotidien financier.

Les derniers moments à bord de la cabine de pilotage de l’A330 indiquent, selon ces sources, que les pilotes étaient apparemment perturbés par les alarmes reçues de plusieurs systèmes automatiques de contrôle qui se sont mises en route au moment où l’avion entrait dans une zone de turbulence prévue sur le trajet Rio-Paris, et faisait également face à du gel important qui n’était pas prévu, à 10 868 mètres d’altitude. De telles gelées gênent le fonctionnent normal des indicateurs de vitesse et d’autres capteurs extérieurs. Au final, l’équipage n’a pas suivi les procédures habituelles pour maintenir la stabilité de l’avant de l’appareil, pendant qu’il gérait les dysfonctionnements des indicateurs de vol et attendait que les paramètres concernés reviennent à la normale, ont conclu ces sources.

Le magazine allemand Spiegel affirmait, lui, dans un article paru ce week-end, citant un expert ayant participé à l’analyse des boîtes noires de l’appareil, que le commandant de bord ne se trouvait pas dans le cockpit au moment où la première alarme a retenti. Selon le magazine, on l’entend, sur l’enregistrement des conversations, regagner le cockpit et "crier des instructions à ses deux copilotes".

Le Bureau des enquêtes techniques a par ailleurs indiqué, la semaine dernière, que la première lecture des boîtes noires du vol Rio-Paris ne montrait pas de "dysfonctionnement majeur" sur l’avion Airbus, telle qu’une panne électrique, précisant toutefois que cela n’excluait pas "des dysfonctionnements moins importants".

Face à la pression et aux spéculations sur les causes de l’accident de l’AF-447, les enquêteurs ont décidé d’avancer leur calendrier en rendant publiques en fin de semaine les circonstances du vol Rio-Paris. Ils devraient décrire précisément "l’enchaînement" des événements ayant "conduit à l’accident" de l’Airbus A330 d’Air France, qui a coûté la vie à 228 personnes en juin 2009. Le BEA est chargé de l’enquête technique. La justice doit déterminer les responsabilités. Airbus et Air France sont mis en examen pour homicides involontaires dans ce dossier.

LeMonde.FR avec AFP publié le 24 mai 2011


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