Drame d’Hendaye - Lourde amende requise contre la SNCF

Une amende de 300.000 euros pour "homicide involontaire" a été requise mardi contre la compagnie ferroviaire pour la mort d’une voyageuse.
La SNCF nie toute responsabilité : selon elle, "il appartient aux voyageurs de vérifier qu’ils descendent bien du côté du quai en regardant à travers la vitre de la portière".

Même si la SNCF s’est refusée mardi à reconnaître une quelconque responsabilité dans l’accident qui, le 7 juillet 2002, avait coûté la vie à une jeune touriste américaine en gare d’Hendaye-Plage, ses dénégations n’ont pas empêché le ministère public de requérir sa condamnation à une amende de 300.000 euros pour "homicide involontaire".

En vacances dans le Pays Basque avec sa soeur, Danna Staller, 25 ans, était descendue côté voies, et non côté quai, alors qu’un autre train entrait en gare. Elle avait alors été happée par le convoi. Dans un témoignage poignant, sa soeur cadette a raconté mardi devant le tribunal correctionnel de Paris comment la portière côté voie s’était ouverte immédiatement quand Danna avait pressé le bouton. Selon elle l’accident aurait été évité si elle avait été verrouillée. Présente en nombre, la famille Staller, originaire de Californie, a également déploré l’absence de signalétique dans le train et d’annonce au micro signalant le côté de la descente.

Une gare à la dangerosité reconnue

Autre point soulevée par l’accusation : la dangerosité de la gare d’Hendaye-Plage, "en courbe", qui réduit la visibilité des voyageurs. La dangerosité de cette gare était d’ailleurs dénoncée de longue date par les syndicats. En juin 1998, une lycéenne de 17 ans y avait déjà été écrasée en traversant les voies. Le décès de Danna Staller, 4 ans après cet accident mortel, avait alors provoqué un mouvement de grève chez les cheminots. La CGT réclamait du personnel supplémentaire, ainsi que la construction d’une passerelle pour traverser les voies.

Déjà condamnée dans d’autres accidents voyageurs pour "homicide involontaire", la société de chemin de fer était jugée mardi "en récidive". Le procureur Henry Guyomar a d’ailleurs regretté qu’entre 1996 et 2002, la SNCF ait eu à déplorer 7 décès lors de descentes à contre-voie.

Pour Me Michel Bertin "il n’y a pourtant, à l’évidence, aucune faute pénale commise par la SNCF". L’entreprise ferroviaire, qui à ce jour revendique plus d’un milliard de passagers, assure qu’aucune règle de sécurité n’a été violée et que "seules la précipitation et l’inexpérience de Melle Staller sont à l’origine de son accident". De l’avis de la SNCF "il appartient en effet aux voyageurs de vérifier qu’ils descendent bien du côté du quai en regardant à travers la vitre de la portière".

Le jugement devrait être mis en délibéré.

D’après agence

5 mai 2009

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