Le gendarme "s’explique très mal" sur ce qu’il s’est passé, selon le procureur. Aucune trace d’huile n’a été retrouvée, ni même de trace de freinage
Le gendarme qui a fauché lundi un groupe d’écoliers à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), tuant une fillette et blessant gravement 6 enfants, "va être mis en examen pour homicide involontaire et blessures involontaires", a annoncé mardi le procureur de la République de Tours.
Le gendarme, un homme de 34 ans marié et père d’un enfant de quatre ans, "très bien noté par sa hiérarchie", a été déféré mardi après-midi au parquet de Tours à l’issue de sa garde à vue, selon le procureur.
Il devrait être libéré dans la soirée sous "contrôle judiciaire" et se voir retirer son permis de conduire, a-t-il précisé. Le parquet n’a pas requis son placement en détention, a annoncé le procureur.
Le gendarme encourt une peine maximale de cinq ans de prison ferme pour l’homicide involontaire, a souligné le magistrat.
Sur les 23 enfants impliqués dans l’accident, tous âgés de 9 et 10 ans, douze ont subi des blessures "physiques". La fillette décédée, Mélanie, était âgée de 10 ans, et non huit comme indiqué précédemment, selon lui. Les deux enfants hospitalisés dans un état critique sont désormais considérés comme "stables" par les médecins, selon le procureur. Quatre autres écoliers souffrent de blessures graves, notamment des fractures.
Revenant sur les circonstances de l’accident, survenu lundi vers 15h00 à la sortie du rond-point de la Gitonnière à Joué-les-Tours, le magistrat a indiqué que le gendarme dit avoir "complètement perdu le contrôle du véhicule" après que la roue arrière droite de son Peugeot Boxer a heurté le trottoir.
Aucune trace de freinage n’a été relevée sur les lieux de l’accident, a ajouté Philippe Varin, précisant que le gendarme avait évalué sa vitesse à "30-40 km/h" au moment du drame. "Il s’explique très mal" ce qui s’est passé, a-t-il dit.
Le procureur a confirmé qu’aucune trace d’huile n’avait été retrouvée sur les lieux de l’accident, contrairement à ce qu’indiquaient de premières informations officielles qui avaient provoqué la colère de nombreux habitants du quartier sensible de la Rabière. Une trace de gasoil "qui semble accompagner la trajectoire du véhicule" a été détectée, mais elle pourrait avoir été provoquée par une fuite consécutive à l’accident, selon lui.
Le conducteur du véhicule banalisé travaillait au peloton motorisé de Loches (Indre-et-Loire). "Il m’a fait savoir par l’intermédiaire de son avocat qu’il était particulièrement mortifié par cette situation et qu’il aurait bien voulu pouvoir rencontrer les familles pour leur parler", a poursuivi M. Varin.
Les analyses sanguines ont par ailleurs confirmé que le gendarme n’était pas en état d’alcoolémie et n’avait pas consommé de stupéfiants. "A priori" il ne téléphonait pas au moment de l’accident, a-t-il ajouté.
Une nouvelle marche silencieuse devait être organisée par des habitants du quartier mardi en fin d’après-midi. Une "marche blanche" est par ailleurs prévue mercredi à 14h00, au départ de l’école Mignonne, a-t-on appris auprès de la mairie de Joué-les-Tours.
SudOuest.fr avec AFP - Publié le 1er Juin 2011
