Drame de Montreuil : les marchands de sommeil visés

Au lendemain de la mort de trois personnes dans l’effondrement d’un immeuble vétuste, la maire Dominique Voynet dénonce la responsabilité des propriétaires. Un juge d’instruction pourrait être saisi mardi.

Polémique après la chute d’un hôtel sur une maison mitoyenne dans laquelle trois personnes ont péri, lundi, à Montreuil. La maire de la ville Dominique Voynet (EELV) a dénoncé la responsabilité des marchands de sommeil et un drame du mal-logement. Le bâtiment de quatre étages en travaux qui s’est effondré est un « ancien hôtel meublé insalubre, connu et suivi par les services municipaux depuis 2002 », a précisé l’ancienne ministre.

Suite à la catastrophe dont on ignore encore la cause, une enquête en flagrant délit du chef d’homicide involontaire a été ouverte. Plusieurs personnes ont été entendues lundi , dont, selon Le Parisien, le gérant de Saber. La SARL gérait l’hôtel effondré et était maître d’ouvrage des travaux, d’après le quotidien. Un juge d’instruction pourrait être saisi mardi. « Nous avons ici des marchands de sommeil qui se refilent des bâtiments vétustes sans réunir les conditions de sécurité, avec des loyers excessifs proposés aux personnes sans papiers », a accusé la maire.

Visé par un arrêté d’insalubrité en 2002, le bâtiment de la rue Parmentier a cependant changé quatre fois de propriétaire depuis cette date, selon le quotidien 20 minutes. Saber avait été mis en demeure par la ville de réaliser des travaux, a indiqué Dominique Voynet. L’hôtel avait finalement été vidé, ses occupants relogés par les autorités entre 2007 et 2010. Les anciens résidents décrivent un endroit où les fuites et les problèmes d’électricité étaient légion. « Le propriétaire, il s’en foutait, il ne voulait rien savoir, il ne voulait pas reloger, la peinture tombait, il y a avait du plomb », a témoigné sur RTL la dernière occupante à avoir quitté les lieux en décembre 2010. Saber avait alors obtenu un nouveau permis de construire et une autorisation de travaux pour un projet de construction d’hôtel de tourisme. Un projet vis-à-vis duquel la mairie était très réticente, a fait savoir Dominique Voynet.

Interrogations sur la sécurité du chantier
De nombreux riverains évoquent au lendemain du drame un chantier mené en dépit du bon sens. L’immeuble avait été mis à nu, débarrassé de ses cloisons et de ses planchers. Ses murs extérieurs tenaient avec des étais. A France Soir, une voisine a même affirmé que des murs porteurs auraient été cassés. Le Parisien relève qu’aucune palissade ne protégeait la zone en travaux et que ceux-ci n’étaient pas annoncés par des panneaux d’information. « La police passait souvent dans cette rue, elle voyait bien l’état de cet immeuble prêt à tomber, je pense que la mairie n’a pas fait son travail », a accusé un habitant de la rue Parmentier.

Du côté de la mairie, on objecte qu’aucun contrôle du chantier n’était possible avant la fin des travaux. Daniel Mosmant, adjoint au logement et à l’urbanisme, s’insurge contre « un marché de dupes où on fait croire qu’on peut se faire de l’argent facilement en achetant ce genre d’immeubles et en les retapant ». La maison sur laquelle s’est effondré l’hôtel reflète aussi la précarité des familles immigrées de Montreuil. Cette maison était occupée illégalement par deux familles maliennes. La mère, tuée avec ses deux enfants dans la catastrophe, avait d’ailleurs été reçue, en avril, en commission d’attribution pour obtenir un logement social, révèle Le Parisien. Sans succès.

Constance Jamet - Le Figaro (Avec AFP) - publié le 7 juin 2011


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