AF 447 : arrivée des corps de 104 victimes en France

Le navire Île-de-Sein chargé des opérations de repêchage en Atlantique a accosté jeudi à Bayonne avec à son bord 104 dépouilles, ainsi que des débris de l’avion. Le travail d’identification des victimes prendra des semaines, voire des mois.

Ce jeudi matin à l’aube, sous la pluie, le bateau rapatriant les dépouilles repêchées ces dernières semaines, au large du Brésil, de victimes du crash du vol Air France Rio-Paris, est arrivé à Bayonne. Escorté par la marine nationale, le navire Île-de-Sein a accosté peu après 6 heures sous les yeux de journalistes tenus à bonne distance, par souci de discrétion vis-à-vis des familles de victimes.

L’Île-de-Sein, un câblier du groupe Alcatel-Lucent, a été affrété par le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) chargé de l’enquête technique sur l’accident du vol AF447 le 1er juin 2009, qui a fait 228 morts. De fin avril à début juin, il a mené dans l’Atlantique des opérations de repêchage de corps et de pièces de l’Airbus A330, par 3900 mètres de fond. Cent quatre corps ont été remontés. Cinquante premiers corps ayant été trouvés juste après l’accident, quelque 70 dépouilles reposeront dans l’épave de l’appareil.

La gendarmerie du transport aérien, chargée de l’enquête, estime que l’identification des 104 corps est encore possible en dépit de leur long séjour dans l’océan. Les dépouilles devraient être acheminées à l’institut médico-légal de l’hôpital toulousain de Rangueil. Là se déroulera un processus très encadré scientifiquement et juridiquement, a expliqué le colonel François Daoust, chef de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Les opérations seront menées sous l’égide des deux magistrats instructeurs parisiens Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle, chargés de l’enquête dans laquelle Air France et Airbus sont mis en examen pour homicides involontaires.

Une commission d’identification des dépouilles
Les associations des familles de victimes, divisées sur l’opportunité de « relever » les corps, ont été reçues mercredi par le secrétaire d’Etat aux Transports, Thierry Mariani, pour être informées notamment des modalités de l’identification. Comme pour d’autres catastrophes, celle-ci repose sur la comparaison des dossiers « ante mortem » et « post mortem » que vont constituer les médecins légistes. Le dossier « ante mortem » se compose d’éléments fournis par l’entourage de la personne décédée : ADN des proches, bijoux, historique d’opérations chirurgicales. Le dossier « post mortem » se constitue au cours d’examens médico-légaux et de prélèvements ADN. Ensuite, toutes les données « seront intégrées à un logiciel qui proposera des correspondances possibles entre elles », avant qu’une commission d’identification ne « décide éventuellement » d’attribuer une identité à chaque corps, détaille le colonel Daoust. Cela « prendra des semaines, voire des mois », prévient le gendarme, qui rappelle que l’identification des 50 corps repêchés en 2009 avait pris deux mois.

Quant aux pièces de l’Airbus rapportées par l’Île-de-Sein, elles seront transportées à Toulouse, dans un hangar de la Direction générale de l’armement, afin de nourrir les investigations du BEA. Les enquêteurs se concentrent actuellement sur les données contenues dans les boîtes noires repêchées début mai. Grâce à ces enregistreurs, ils ont pu détailler les circonstances dans lesquelles s’est déroulé le crash, sans toutefois en préciser les causes. Ils doivent publier un rapport fin juillet.

Avec agences Le Figaro - publié le 16 juin 2011


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