La sûreté nucléaire en débat à Vienne

NUCLEAIRE - L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se réunit à partir de lundi pour formuler des recommandations après la catastrophe de Fukushima...

Comment rassurer sur le nucléaire, trois mois après Fukushima, le plus grave accident depuis Tchernobyl, et au lendemain des décisions suisse, allemande et italienne d’abandonner l’atome ? L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se réunit jusqu’à vendredi à Vienne pour une conférence consacrée à la sûreté nucléaire, au cours de laquelle les ministres de 150 pays doivent entreprendre l’élaboration d’une stratégie mondiale de renforcement de la sécurité nucléaire.

Le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano, a ouvert la conférence par une mise en garde : « Nous devons répondre de manière urgente à l’angoisse des populations. Il est essentiel d’avoir une réaction internationale ». S’il a rappelé que « continuer comme avant n’est pas une option », le directeur de l’AIEA reste toutefois convaincu que « l’énergie nucléaire va rester importante pour de nombreux pays. »
Les tests de résistance contestés par les anti-nucléaire

Première mesure envisagée : tester 10% des centrales nucléaires dans le monde durant les trois prochaines années. « Je propose aux pays exploitant l’énergie nucléaire d’accepter des tests réguliers qui seront organisés par l’AIEA. Toutefois, il est impossible d’examiner l’ensemble des 440 réacteurs nucléaires du monde, et je suggère donc de le faire sur une base sélective », a déclaré Yukiya Amano.

L’Union européenne est déjà engagée, depuis le 1er juin, dans des tests de résistance pour ses 143 réacteurs nucléaires en service. La France a décidé en outre de mener son propre audit sur ses 58 centrales et Nicolas Sarkozy s’est engagé à fermer celles qui présenteraient des « faiblesses ».

Mais ces tests n’ont pas convaincu les anti-nucléaire. Lors des débats au Parlement européen, de nombreux députés ont fait entendre leur désaccord sur leurs modalités. Les critères d’inspection, qui comprennent les séismes, les inondations, les erreurs humaines, les crashs d’avions mais pas les attaques terroristes, font craindre à l’eurodéputé allemand Jo Leinen que les tests ne perdent en crédibilité. L’Allemande Rebecca Harms a par ailleurs souligné que les conditions de stockage des combustibles devrait aussi être vérifiée : à Fukushima, les piscines de stockage ont été à l’origine de fuites radioactives importantes.
« Seules les centrales qui sont fermées sont sûres »

Dans un entretien paru dans Télérama, le physicien nucléaire Bernard Laponche a exprimé son scepticisme sur la possibilité de sécuriser le nucléaire, annonçant même une « forte probabilité d’un accident nucléaire majeur en Europe » : « Puisque le point de départ, c’est la création de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique les moyens de sa propre destruction. »

Les stress-tests, des « exercices de communication » de l’industrie nucléaire, comme le dénonçait l’eurodéputé français Yannick Jadot ? L’AIEA a une semaine pour tirer les leçons de Fukushima et mettre en place des contrôles crédibles pour les centrales du monde entier. Faute de quoi l’impopularité du nucléaire pourrait grandir et de plus en plus de pays pourraient être tentés de penser comme l’eurodéputée allemande Sabine Wils que « seules les centrales qui sont fermées sont sûres ».

20minutes.fr - Audrey Chauvet - Publié le 20 juin 2011


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