Justice : les irradiés de Toulouse craignent le pire

Les victimes espéraient des poursuites, mais les juges en charge de l’enquête sur les irradiés de Toulouse ont refroidi leurs espoirs. Quelque 145 patients de l’hôpital Rangueil de Toulouse en 2006 et 2007 avaient rendez-vous, jeudi dans la ville rose, avec les juges d’instruction. Ils espéraient que l’enquête menée depuis quatre ans leur permettrait de lancer des poursuites devant le tribunal correctionnel. Or ce ne devrait pas être le cas.

"Pas suffisant pour caractériser une faute pénale"

"Je suis l’avocat en colère de victimes en colère", a réagi à la sortie de la réunion Me Christophe Léguevaques, qui représente 80 des 145 victimes. "On nous dit qu’il y a eu erreur mais que ce n’est pas suffisant pour caractériser une faute pénale", a-t-il ajouté. Le dossier est instruit au pôle santé parisien par les juges Anne-Marie Belot et Pascal Gand, déjà en charge d’une autre affaire de surirradiation à Epinal.

Me Christophe Léguevaques, l’avocat qui représente 80 des 145 victimes dans l’affaire des irradiés de Toulouse. © BENJAMIN PETER/EUROPE 1
"Les juges d’instruction nous ont dit qu’ils comptaient clôturer leur instruction à la rentrée, et le parquet nous dit qu’aller au tribunal risque d’aboutir à une relaxe", a précisé l’avocat, en ajoutant : "On a jusqu’à l’automne pour renverser la situation, pour gagner la bataille de l’analyse des faits". Les victimes espéraient que le radio physicien qui a mal réglé l’appareil soit poursuivi mais aussi le chef du service de neurochirurgie et le constructeur de la machine afin que toute la chaîne de responsabilités soit établie.

"On ne vit pas dans la sérénité"

"Je suis très énervée, on n’a abouti à rien", a déclaré de son côté la présidente de l’association SOS Irradiés 31, Odile Guillouët. "On n’a aucune reconnaissance, on n’a pas été du tout entendus", a-t-elle lancé C’est pour une tumeur bénigne derrière l’oreille qui lui provoquait des baisses d’audition qu’elle a été traitée par radiothérapie à l’hôpital Rangueil de Toulouse en juin 2006. Mais, l’appareil qui n’est installé que depuis 6 semaines, est mal réglé. Elle reçoit une dose bien au-dessus de la normale.

"Paralysie faciale, maux de tête, perte d’équilibre. J’ai un handicap à 80%. Ma vie a basculé", déplore-t-elle. "Je ne peux plus travailler alors que j’avais des projets professionnels. On a au-dessus de la tête la possibilité d’avoir des cancers radio-induits. On ne vit pas dans la sérénité".

Ajouter une procédure pénale à l’indemnisation

Comme les 71 adhérents de son association, Odile a été indemnisée. Reste donc le volet pénal. Pour Me Christophe Leguevaques, il est important que des responsables soient désignés. "Bien évidemment des personnes qui sont atteintes dans leur corps et dans leur esprit souhaitent savoir exactement ce qui s’est passé. Est-ce qu’elles ont servi de cobaye pour cette nouvelle machine. Elles souhaitent comprendre pour pouvoir dormir en paix", conclut Me Leguevaques.

Europe1.fr avec Benjamin Peter 7 juillet 2011


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