Naufrage en Russie : la recherche des corps continue, le navire était délabré

La recherche des corps des victimes de la plus grave catastrophe fluviale en Russie depuis la chute de l’URSS se poursuivait mercredi sur la Volga, alors que les témoignages sur les dysfonctionnements ayant entraîné le drame se multiplient dans la presse.

Selon le ministère des Situations d’urgence, 100 dépouilles ont été remontées à la surface à la suite du drame de dimanche qui a fait entre 116 et 129 victimes.

Les autorités n’ont cependant toujours pas pu déterminer le bilan définitif faute d’un décompte précis des personnes à bord du navire Boulgaria au moment du drame. Seules 79 personnes ont été sauvées.

Le ministère des Situations d’urgence de la république russe du Tatarstan, où l’accident a eu lieu, a indiqué dans un communiqué que les recherches sur le fleuve s’étendaient désormais sur 190 km.

Le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda publiait pour sa part plusieurs témoignages sur l’état de délabrement du Boulgaria.

Le directeur de la société Svetoslav, qui a effectué le dernier contrôle technique du Boulgaria, Viktor Choutkine, a expliqué au journal que des réparations avaient été effectuées cette année, et qu’une rénovation totale du navire, construit en 1995, était prévue pour 2012.

"Nous avons regardé comment fonctionnait le moteur et il y avait des problèmes (...) mais dans l’ensemble j’ai jugé l’état du navire satisfaisant. Le prochain contrôle du Boulgaria et sa rénovation totale étaient prévus pour 2012", a-t-il indiqué.

Roman Kalmykov, le directeur général de Forvater, la société qui exploitait le Boulgaria jusqu’en février, a pour sa part raconté que le navire était dangereux et trop cher à réparer, ce qui a amené son entreprise à renoncer à ce bateau.

"Selon nos experts, il fallait 7 millions de roubles (175.000 euros) pour voyager en toute sécurité sur ce bateau. C’est la raison pour laquelle nous avons renoncé au Boulgaria", explique-t-il.

Les autorités russes ont annoncé mardi l’interpellation de la directrice de la société ArgoRetchTour, Svetlana Iniakina, qui exploitait le navire, et de l’expert du service public de la navigation fluviale, Iakov Ivachov, qui avait autorisé le Boulgaria à naviguer.

Par ailleurs, le Comité d’enquête russe a décidé d’enquêter sur le comportement des équipages de deux navires, l’Arbat et le Dounaïski 66, qui sont accusés par des rescapés de ne pas être venus en aide aux naufragés.

Selon le journal Izvestia, le capitaine du Dounaïski 66 a expliqué à sa direction qu’il n’était pas intervenu car il lui aurait fallu une heure pour effectuer les manoeuvres nécessaires pour s’approcher du site du naufrage, alors qu’il avait observé qu’un autre navire, l’Arabella, était plus proche du lieu de l’accident.

Le capitaine de l’Arabella, Roman Lizaline, qui a sauvé les 79 rescapés, a confirmé cette version des faits à la chaîne de télévision Rossia-24.

"Bien sûr qu’il voulait apporter son aide (...), il me l’a dit. C’est moi qui lui ai dit de partir du lieu de l’accident car il pouvait me compliquer le travail de recherche. En raison du manque de maniabilité de ce bateau, il n’aurait pu revenir sur les lieux que très lentement", a indiqué le capitaine du Arabella.

Par Antoine LAMBROSCHINI - Afp publié le 13 juillet 2011


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