La Chine promet des "punitions sévères" après une collision de TGV

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a promis jeudi de "punir sévèrement" les responsables de l’accident de TGV qui a fait 39 morts samedi dans l’est de la Chine, une catastrophe apparemment due à un problème de signalisation sur le plus vaste réseau à grande vitesse au monde.

Soucieux de calmer l’opinion publique très remontée après cette collision spectaculaire, M. Wen s’est rendu dans la région de Wenzhou pour inspecter les lieux du drame et rencontrer des familles endeuillées. L’accident a également fait près de 200 blessés.

"Nous allons punir avec sévérité, selon les lois en vigueur, ceux qui sont responsables de cet accident et ceux qui portent des responsabilités au niveau de la direction", a déclaré le chef du gouvernement chinois, familier des déplacements sur les sites de catastrophes en Chine.

Les autorités chinoises ont été de plus en plus critiquées cette semaine pour leur gestion de l’information sur l’accident.

Cela a poussé Wen Jiabao à promettre mercredi une enquête "ouverte et transparente", avec des résultats "publiés". Il n’a pu se rendre sur place que jeudi parce qu’il était malade depuis 11 jours, a indiqué l’agence officielle Chine nouvelle, sans préciser de quoi il souffrait.

"Depuis l’accident, la société et le public ont émis beaucoup de doutes sur les causes de l’accident" et les opérations de secours, a reconnu le Premier ministre, par ailleurs inquiet des répercussions négatives probables sur les exportations de la Chine dans le secteur ferroviaire.

Les exportations d’équipements pour les chemins de fer à grande vitesse doivent en priorité être sûres, a assuré M. Wen. "Nous devons faire des percées technologiques et travailler dur pour rendre nos transferts de technologie plus sûrs".

La collision survenue samedi soir entre deux trains sur un viaduc près de Wenzhou est le pire accident ferroviaire en Chine depuis 2008.

Alors qu’un train se trouvait à l’arrêt sur un pont, un autre train l’a heurté à l’arrière. Le train situé en tête a déraillé sous l’effet du choc et quatre de ses voitures ont basculé du viaduc dans le vide.

L’accident est dû à une défaillance du matériel de signalisation touché par la foudre, a expliqué jeudi le Bureau ferroviaire de Shanghai.

Le système de signalisation "n’a pu faire passer le feu vert au rouge", provoquant la catastrophe ferroviaire, a précisé An Lusheng, chef de ce Bureau, cité par Chine nouvelle.

Quatre ans seulement après avoir ouvert sa première ligne à grande vitesse, la Chine possède le premier réseau de TGV du monde, mais le développement effréné de celui-ci a été émaillé par des détournements de fonds.

La catastrophe de Wenzhou pose la question de la fiabilité des trains à grande vitesse (TGV) chinois, dont le réseau en plein essor doit passer de 8.358 km fin 2010 à plus de 13.000 km en 2012 et à 16.000 km en 2020.

Le gouvernement a ordonné une "révision urgente" de la sécurité du réseau ferré chinois et annoncé qu’il payerait 500.000 yuans (53.600 euros) de dommages aux familles endeuillées.

Trois responsables du Bureau des chemins de fer de Shanghai, dont dépend Wenzhou, ont par ailleurs été limogés dès le lendemain de la collision.

Le Conseil des Affaires d’Etat a enfin nommé une liste d’enquêteurs principalement composée de responsables du secteur ferroviaire chinois, mais comportant aussi des universitaires et des experts de l’Académie des sciences et de l’Académie d’ingéniérie.

Tout cela ne suffira probablement pas à apaiser les soupçons des Chinois et l’indignation des internautes, très largement convaincus que toute la vérité ne sera pas dite sur l’accident.

Dans une opinion publiée jeudi, le Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste chinois, estime que "la Chine doit se développer, mais (que) son PIB ne doit pas être entaché de sang".

NouvelObs.com - Publié le le 28 juillet 2011


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