AZF : 10 ans de polémique

Pour le 10e anniversaire de la catastrophe d’AZF, dans moins d’un mois, y aura-t-il enfin une cérémonie commune à tous les sinistrés ? Lors d’une réunion lundi soir, au Capitole, les associations ont encore étalé leurs divergences.

Chaque année, c’est le même scénario. Sur le site de l’ancienne usine AZF, ou bien à la stèle de la route de Seysses, ou encore au rond-point du 21 septembre, chaque association de victimes célèbre, chacune de son côté, l’anniversaire de la catastrophe d’AZF qui a fait 31 morts et des milliers de blessés. En marge du bras de fer judiciaire sur l’origine de l’explosion, qui se poursuit le 3 novembre avec le procès en appel, c’est la bataille de la mémoire qui se joue.

L’an prochain, un mémorial, voulu par la municipalité, aura vu le jour. En attendant, dans moins d’un mois, pour le dixième anniversaire, la mairie peine encore à faire l’unanimité. Réunies au Capitole, lundi soir, pendant deux bonnes heures, les associations ont à nouveau étalés états d’âmes et divergences. Sollicité hier, Nicolas Tissot, maire adjoint, a d’ailleurs préféré ne pas s’exprimer, faisant savoir que « rien n’est acté. »

L’idée retenue lors de la réunion serait de célébrer l’anniversaire sur le site et, plutôt que de le faire devant la maquette d’un projet, de transférer momentanément la stèle de la route de Seysses. Guy Fourest, le président d’une des associations les plus actives, qui s’attendait à une célébration route de Seysses, s’est dit « écœuré ». Les anciens salariés réfléchissent. Plus jamais ça est pour. Et les Sinistrés du 21 septembre campent au rond-point. Pour l’instant. Les associations n’ont plus que quatre semaines pour se mettre d’accord.
Mémorial : trois projets en lice

Trois projets sont en lice pour le mémorial qui sera construit sur le site de l’ancienne usine : ceux de Jean-Bernard Metais, Gilles Connan et Vincent Dulom. La mairie a indiqué hier que le jury se réunirait à la rentrée. Des associations ont pourtant affirmé que le troisième projet leur avait été présenté comme le lauréat. Par ailleurs, pour le 10e anniversaire, la mairie envisage de demander aux Toulousains une minute de silence et de faire retentir les sirènes. Les fameuses sirènes qui n’avaient pas fonctionné le 21 septembre 2001.
Que pensez-vous d’une cérémonie unitaire ?

Sophie Vittecoq membre du collectif Plus jamais ça. Plus jamais ça a décidé d’être sur le site du futur mémorial à 10 h 17. Nous avons marqué notre satisfaction d’être avec les associations et salariés. Nous n’avons jamais été en bataille avec les salariés. Mais nous n’oublierons pas le rond-point pour parler des risques industriels. Nous nous y rendrons en cortège ensuite.

Jacques Mignard, Président de Mémoire et solidarité (anciens salariés). Nous discuterons le 1er septembre, lors de notre conseil d’administration, de notre position sur la cérémonie commune. Nous avons une stèle sur le site et nous sommes attachés à notre cérémonie que nous ferons. Au même moment où en décalé, je ne sais pas encore. On appellera les salariés à faire ce que bon leur semble.

Guy Fourest, président du comité de défense des victimes d’AZF. En mai, j’ai écrit au Président de la République qui m’a assuré de la présence de la ministre de l’Écologie. La stèle route de Seysses était représentative pour le 10e anniversaire. Ils vont la démonter alors que le mémorial sera construit dans un an. C’est absurde et ridicule. Avec 414 adhérents, on méritait d’être écoutés.

Gérard Ratier, Président de l’association de familles endeuillées AZF. Il y a eu beaucoup de désinvolture à propos du mémorial. Le Grand Toulouse, d’hier et d’aujourd’hui, n’a jamais pris cette affaire à cœur. Il y a longtemps qu’on aurait pu avoir une stèle sur le site. Quand je pense qu’on va arriver à une manifestation commune dix ans après, ça ne fait pas sérieux.

Jean-François Grelier, Président de l’association des sinistrés du 21 septembre. On ne peut pas tourner la page alors que reste en suspens le procès en appel. Je comprends que ce jour soit réservé au recueillement mais je pense autrement. La condition d’un rassemblement sur le site était de ne pas prendre la parole. Nous maintenons le rendez-vous au rond-point du 21 septembre.

Jean-Noël Gros -LaDepeche.fr - publié le 24 août 2011


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