Le commanditaire présumé de l’attentat du Caire arrêté

L’enquête sur l’explosion qui a tué une lycéenne française de 17 ans en 2009 a laissé jusqu’à présent beaucoup de questions sans réponse.

Les autorités égyptiennes le présentent depuis deux ans comme l’un des deux commanditaires de l’attentat à la bombe qui a tué Cécile Vannier, 17 ans, et blessé une vingtaine d’autres lycéens français sur l’esplanade de la mosquée Al-Hussein, près du souk du Khan el-Khalili, au Caire, le 22 février 2009. Khaled Mahmoud Moustafa, un Égyptien de 39 ans, a été arrêté à Beni Suef, la ville dont il est originaire, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale égyptienne. Il a été placé en détention provisoire pour quinze jours. Selon les enquêteurs, il aurait régulièrement séjourné dans la bande de Gaza avant et après l’attentat du Caire.

Il y aurait noué des liens avec des mouvements terroristes, notamment djihadistes, comme la Jaish el-Islam (Armée de l’Islam), un groupuscule se réclamant d’al-Qaida également mis en cause après l’attentat contre une église d’Alexandrie (23 morts), lors de la dernière Saint Sylvestre. Coïncidence ou pas, l’arrestation de Khaled Mahmoud Moustafa est intervenue alors que l’Égypte vient de rouvrir le terminal frontalier de Rafah et de sceller un accord de réconciliation interpalestinien entre le Fatah et le Hamas au pouvoir à Gaza.
Le mutisme des services de sécurité égyptiens

L’enquête sur l’attentat du souk du Caire se déroule depuis le début dans une confusion douloureuse pour les familles des victimes. En cause, notamment, le mutisme des services de sécurité égyptiens, peu enclins à communiquer sur les affaires terroristes, y compris avec la justice et leurs collègues français. De quoi entretenir le doute sur la nature et l’emplacement même de la bombe, les témoignages des jeunes français contredisant souvent la version officielle. Pour ajouter à la confusion, l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adly a été accusé après le renversement d’Hosni Moubarak d’avoir lui-même orchestré certains attentats, dont celui d’Alexandrie…

Autre source de polémique : une note attribuée à la DGSE, publiée par Le Canard enchaîné, qui a très vite soulevé l’hypothèse selon laquelle le groupe de lycéens de Levallois-Perret aurait été délibérément ciblé pour « faire payer à la France la participation de la frégate Germinal au blocus de Gaza ». Le déploiement de ce navire de la Marine nationale faisait partie des « garanties » apportées à Israël pour mettre fin à l’opération militaire « Plomb Durci » dans la bande de Gaza, en janvier 2009.
Un espoir pour les familles des victimes

La piste anti-française a été aussitôt démentie à Paris comme au Caire. « Rien ne permet d’affirmer que la France était visée », a-t-on affirmé à l’époque. Mais cette piste a été réactivée par l’arrestation, en mai 2009 au Caire, de sept membres présumés d’un réseau terroriste, dont une Française d’origine albanaise, Dodi Hoxha, et un Belge d’origine tunisienne, Farouk Ben Abbes. Dodi Hoxha a depuis reconnu devant les enquêteurs français de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avoir été en relation avec Khaled Mahmoud Moustafa. Elle aurait notamment servi d’intermédiaire pour transférer des sommes d’argent.

Mais début 2010, nouveau rebondissement : les autorités égyptiennes informent le juge antiterroriste Yves Jannier que les sept suspects n’ont rien à voir avec l’attentat du Caire, mais qu’ils préparaient des actes terroristes en Europe, notamment en France. Libérée puis expulsée d’Egypte, Dodi Hoxha a d’ailleurs été interpellée en novembre 2010 à son domicile dans le Val-de-Marne dans le cadre d’une enquête sur un projet d’attentat contre Le Bataclan. La salle de spectacle parisienne avait fait l’objet de menaces de mouvements islamistes en 2007 après l’organisation d’un concert de soutien à l’armée israélienne.

Dans ce contexte, l’interrogatoire de Khaled Mahmoud Moustafa pourrait permettre d’éclaircir les zones d’ombre qui entourent toujours les responsabilités et le mobile de l’attentat du Caire. C’est en tout cas l’espoir des familles des victimes dont les questions restent toujours sans réponse, deux ans et demi après le drame.

Tangi Salaün - [LeFigaro.fr>http://www.lefigaro.fr] publié le 13 juin 2011


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes