Attentat de Marrakech : Al-Qaïda soupçonné

Les autorités marocaines explorent "toutes les pistes y compris celle d’Al-Qaïda" dans l’enquête sur l’attentat dont le nouveau bilan est de 15 morts. Suivez les événements sur LEXPRESS.fr

L’attentat à la bombe qui a fait au moins 15 morts jeudi dans un café du centre de la ville de Marrakech, est un acte terroriste, a déclaré le ministre marocain de l’Intérieur. L’agence marocaine de presse MAP a diffusé un nouveau bilan officiel de 15 morts, contre 16 auparavant donné par un responsable de l’hôpital Ibn Tofail de cette ville à 350 km au sud de Rabat. Ce dernier avait indiqué que deux des 23 blessés avaient "succombé à leurs blessures dans la nuit."

Le ministère français de l’intérieur a confirmé qu’un bilan provisoire des Français tués jeudi dans l’attentat de Marrakech faisait état de six morts tandis que sept autres ont été blessés.

La déflagration s’est produite au deuxième étage du café Argana, qui se trouve sur la célèbre place Djemaa el Fna, la plus grande de la vieille ville, la médina, particulièrement prisée des touristes. Sept personnes -deux Marocains, deux Français, deux Canadiens et un Néerlandais- tuées dans l’attentat ont été identifiées, a indiqué la MAP citant le ministère de l’Intérieur. Rabat avait fait état jeudi de 11 étrangers tués.

La piste Al Qaïda

Exclus du printemps arabe, les réseaux djihadistes pourraient avoir choisi de commettre un attentat à Marrakech pour s’imposer de nouveau au Maghreb, mais sans beaucoup de chances de faire dérailler le processus de réformes au Maroc, estimaient vendredi des experts. De nombreux indices désignent les réseaux extrémistes islamistes, et en particulier Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), active dans les pays de la région -Algérie, Mali, Niger et Mauritanie- selon Jean-Yves Moisseron, rédacteur en chef de la revue spécialistée Maghreb-Machrek.

"Il y a le mode opératoire qui suppose une organisation professionnelle car la place Jamâa El-Fna est très surveillée ; le choix de Marrakech, ville très touristique au mode de vie sulfureux (fête, prostitution, etc) et enfin le restaurant, l’Argana qui est un lieu de rencontre des étrangers", juge-t-il. "L’attentat fait en outre suite à une tentative de l’Aqmi depuis plusieurs mois d’installer une cellule au Maroc. Il y a eu des arrestations récentes de Marocains au Mali", assure-t-il.

Dans une vidéo diffusée sur Youtube la semaine dernière, des hommes se présentant comme des membres d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont menacé de s’attaquer aux intérêts marocains pour protester contre la détention de militants islamistes. Par ce coup d’éclat, ces réseaux chercheraient à revenir sur une scène régionale dont ils ont été exclus par les révoltes démocratiques qui les ont pris de court.

Jeudi, le ministre de l’Intérieur a stigmatisé "un acte terroriste". "Le Maroc est confronté aux mêmes menaces qu’en mai 2003", avait-il ajouté. Le 16 mai 2003, des attentats menés par des islamistes à Casablanca avaient tué 33 personnes ainsi que les 12 kamikazes impliqués.

Un témoin aurait vu le poseur de bombe

Un touriste néerlandais, John Van Leeuwen, a aidé la police marocaine à dresser un portrait-robot de l’éventuel auteur de l’attentat meurtrier de Marrakech. Quelques minutes avant l’explosion lui et sa compagne ont fait face à ce homme jeune, qui écoutait sans nervosité de la musique ; la police a recueilli pendant des heures le témoignage du couple.

"Il y avait un Arabe dans le café, portant deux énormes sacs, un sac à dos (...) qui mesurait près d’un mètre de haut, et un deuxième sac de sport, également très gros" ; "Il était rasé de frais, ses cheveux étaient longs et noirs (...), il était assis devant moi, à 1,50 m maximum, il portait une veste de survêtement bleu marine, brillante" a expliqué le touriste. "Il écoutait un lecteur MP3, il n’était pas du tout nerveux."

"Nous sommes partis entre 2 et 4 minutes avant l’explosion et nous pensons qu’il est parti juste après nous", a-t-il poursuivi. "Quand nous avons appris que ce n’était pas une explosion due au gaz, avec mon amie on s’est regardé et on s’est dit : c’était sûrement lui".

Par LEXPRESS.fr avec REUTERS, publié le 29/04/2011


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