"Je n’ai pas de regrets personnels" pour les victimes innocentes, dit Carlos

Un combattant au "sang-froid irréprochable". C’est en ces termes que s’est présenté Ilich Ramirez Sanchez, alias "Carlos", devant la cour d’assises spéciale de Paris, mercredi 9 novembre, accusé d’avoir organisé quatre attentats qui en 1982 et 1983 ont fait onze morts et près de cent cinquante blessés. Ce troisième jour de procès était consacré à l’étude de l’examen de la personnalité du Vénézuélien. "Moi, je suis un tireur d’élite, s’est vanté le révolutionnaire de 62 ans. Je suis émotionnel, mais dans les combats, je suis d’un sang-froid inimaginable. C’est ma nature."

En 1971, alors que Carlos a regagné Londres après avoir participé à des combats en Jordanie, le responsable des opérations externes du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Wadi Haddad, l’a désigné "responsable des Iles britanniques et de l’Irlande", a-t-il raconté. "Mais on n’a rien fait, on n’avait pas les moyens", a-t-il poursuivi, évoquant notamment une idée d’attentat cette année-là, finalement abandonnée, contre le premier ministre jordanien.

En pleine contradiction, le défenseur de la cause palestinienne reconnaît pourtant quelques minutes plus tard avoir alors "commencé à flinguer". Celui qui avait dans l’organisation "un grade de commandant" dit avoir mené "une centaine" d’opérations entre 1971 et 1976, date à laquelle il "démissionne" du FPLP. Interrogé à plusieurs reprises par le président Olivier Leurent sur la nature de ces opérations, il s’est refusé à répondre.

"ON N’ÉTAIT PAS UNE ORGANISATION DE MASSE"

Orphelin dans son combat, Carlos décide à l’été 1976 de créer avec cinq autres personnes l’Organisation des révolutionnaires internationalistes (ORI). Ses objectifs fondateurs étaient "très ambitieux", a rappelé le président Olivier Leurent en lisant un interrogatoire de Carlos devant le juge d’instruction : le militant déclarait alors que l’ORI avait pour but de "mobiliser les révolutionnaires à une échelle mondiale pour la libération de la Palestine et contre les forces impérialistes, sionistes, où qu’elles se trouvent".

A partir de ce moment-là, Ilich Ramirez Sanchez a multiplié les voyages, autant que les identités. Il a reconnu mercredi avoir utilisé "une centaine" de faux passeports pour mener à bien ses activités. "On n’était pas une organisation de masse", affirme Carlos, évaluant les membres à "un millier, un peu plus, je ne sais pas".

"Il n’y a jamais eu aucune opération revendiquée par l’ORI, s’étonne alors le président. C’est un peu étrange, non ?" Le sourire goguenard, Ilich Ramirez Sanchez lui révèle alors "un secret" sur les activités des membres de l’organisation : "Au Café de la Sorbonne, on se réunissait pour discuter et on fumait le haschich..." Toute la journée, la président Leurent a bataillé calmement, mais fermement, afin de tenter d’obtenir des réponses à ses questions.

"PAS DE REGRETS PERSONNELS" POUR LES VICTIMES INNOCENTES

Fait marquant de la matinée, Carlos a, pour la première fois de son procès, abandonné son air fanfaron et sangloté quelques minutes en évoquant ses "camarades" morts pour la cause en Jordanie lors des combats de 1970-1971. "Je suis en partie coupable", a murmuré le révolutionnaire, la voix soudain brisée. "Tous ces gens sont morts, tués comme des chiens", "il y avait des civils" et "mes camarades sacrifiés pour la cause".

Par contre, "je n’ai pas de regrets personnels, parce que je ne suis pas fautif", a déclaré l’accusé, interrogé par le président sur les victimes innocentes qu’ont pu faire sa lutte révolutionnaire. "Ce sont des victimes collatérales", a-t-il résumé. L’accusé répondait à des questions du président Olivier Leurent à propos d’une interview accordée à M6 en 2004 dans l’émission "Secrets d’actualité".Carlos s’y réjouissait des attentats du 11 septembre 2001 et avait "calculé" avoir "tué lors de (ses) opérations plus de quinze cents personnes, moins de deux mille en tout cas", avec "même pas dix pour cent de ces personnes (...) innocentes".

Jugé pour quatre attentats qui ont fait onze morts et près de cent cinquante blessés en France en 1982 et 1983, Carlos nie sa participation à ces quatre opérations.

La cour se penchera jeudi sur l’attentat du train Paris-Toulouse qui, le 29 mars 1982, avait fait cinq morts et vingt-huit blessés.

Le Monde.FR avec AFP - 9 novembre 2011


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