Centrales nucléaires françaises : l’ASN exige des mesures de sécurité renforcées

La sûreté des centrales nucléaires françaises est suffisante et aucune d’entre elles ne nécessite un arrêt immédiat, mais des investissements sont nécessaires pour prévenir des situations "extrêmes", a annoncé mardi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L’ASN avait été chargée en mars, après la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon, d’un audit de sécurité portant en priorité sur 79 installations nucléaires françaises, dont les 58 réacteurs en fonctionnement, l’EPR de Flamanville en cours de construction et les usines de gestion du combustible.

"À l’issue des évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires prioritaires, l’ASN considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu’elle ne demande l’arrêt immédiat d’aucune d’entre elles", déclare l’Autorité dans un avis publié avant la présentation des conclusions de l’audit. "Dans le même temps, l’ASN considère que la poursuite de leur exploitation nécessite d’augmenter dans les meilleurs délais, au-delà des marges de sûreté dont elles disposent déjà, leur robustesse face à des situations extrêmes."

Le Premier ministre François Fillon a demandé aux ministres concernés, dans un communiqué, "de veiller à ce que les exploitants se conforment à l’intégralité des demandes de l’ASN dans le calendrier qui leur est imposé". Le ministre de l’Énergie Éric Besson a donc annoncé qu’il réunirait les exploitants des sites nucléaires français (EDF, Areva, CEA) le 9 janvier, afin de "définir le calendrier de mise en oeuvre des demandes" de l’Autorité de sûreté nucléaire, ont annoncé mardi ses services.

Investissement "massif"

Pour le président de l’ASN, André-Claude Lacoste, les mesures imposées aux exploitants des centrales nécessitent un investissement "massif". "Un seul exemple : un diesel d’ultime secours coûte entre 30 et 50 millions d’euros. Il en faudra un pour chaque réacteur, soit un coût total de l’ordre de deux milliards d’euros", déclare-t-il dans un entretien au quotidien Le Monde.

Le rapport de l’ASN précise qu’EDF, l’exploitant des 58 réacteurs, devra présenter avant le 30 juin les dispositions permettant de mettre en place un "noyau dur" dans chaque centrale afin de "maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté dans des situations extrêmes". EDF, ajoute l’ASN dans son rapport, devra aussi mettre en place progressivement la "force d’action rapide nucléaire" qu’elle a proposée d’ici à la fin 2014, ce dispositif devant permettre d’assurer la relève des équipes d’un site accidenté et la mise en oeuvre de moyens d’intervention d’urgence en moins de 24 heures.

Fermeture de Fessenheim

L’audit avait donné lieu ces derniers mois à un débat sur l’opportunité de fermer la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc français, en fonction depuis 1978. Avant la publication du rapport de l’ASN, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, n’avait pas exclu un arrêt de cette centrale si le coût des travaux à entreprendre était trop élevé. "Il n’y a que deux solutions : soit l’Autorité recommande la fermeture, et à ce moment-là il y a fermeture, soit l’Autorité recommande des travaux importants et, à ce moment-là, il y aura le choix entre faire les travaux, et intégralement les travaux, ou fermer si les travaux s’avéraient trop chers", a-t-elle déclaré sur RMC-BFMTV.

À quatre mois et demi du premier tour de l’élection présidentielle, les résultats de l’audit de l’ASN devraient alimenter le débat sur l’avenir du nucléaire en France, alors que plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont annoncé leur volonté de fermer leurs réacteurs après la catastrophe de Fukushima. En France, le nucléaire assure près des trois quarts de la production d’électricité et environ 18 % de la consommation énergétique globale.

LePoint.fr avec AFP & Reuters - 3 janvier 2011


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