ATTENTAT DU 14 JUILLET 2016 A NICE : LA « FRUSTRATION » D’UN PROCES SANS AUTEUR NI COMPLICES

En l’absence de l’auteur de l’attentat, abattu sur place par les policiers, la cour d’assises spéciale de Paris examinera les responsabilités de trois membres de son entourage, poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, et de cinq personnes soupçonnées de lui avoir fourni des armes

Des centaines de victimes en quête de réponses, un auteur mort et aucune complicité établie par l’enquête : le procès de l’attentat de Nice, qui s’ouvre le 5 septembre, s’annonce « frustrant », craignent victimes et avocats, tout en soulignant l’importance de ce « moment mémoriel ».

« Ce procès est un palliatif. Il y a une énorme disproportion entre la souffrance des victimes et la faible implication, voire la non implication » des accusés dans les faits, résume Chloé Arnoux, avocate de l’un d’entre eux, Chokri Chafroud.

Six ans après, « l’absence du seul et unique auteur va de fait créer une frustration. Il va y avoir beaucoup de questions auxquelles personne ne pourra répondre », abonde Eric Morain, avocat de la Fédération nationale des victimes d’attentats (Fenvac), partie civile au procès.

« Complicité »

Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait jeté son camion sur la foule de la Promenade des Anglais, faisant 86 morts et environ 400 blessés physiques. Pour stopper sa course meurtrière, des policiers l’avaient tué sur place.

La cour d’assises spéciale de Paris examinera les responsabilités de trois membres de son entourage, poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, et de cinq personnes soupçonnées de lui avoir fourni des armes.

Plusieurs avaient initialement été mises en examen pour « complicité », mais ce chef d’accusation n’a pas été retenu au terme des quatre années d’information judiciaire.

Près de 900 personnes se sont constituées partie civile, 2 500 personnes ont été reconnues victimes et indemnisées.

« Les limites de la justice »

« Nous essayons de les préparer au fait que les peines ne seront peut-être pas à la hauteur de leur souffrance », explique Antoine Casubolo-Ferro, l’un des avocats de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT).

Au-delà des accusés, le procès représentera « un moment mémoriel important », souligne-t-il : « on met des noms et des visages sur la souffrance et on se sent plus concerné ».

Pour les parties civiles, « le fait de pouvoir s’exprimer, de dire tout ce qu’on a à dire, c’est une étape importante dans la reconstruction », pressent Stéphane Erbs, coprésident de l’association Promenade des anges, qui a perdu sa femme dans l’attaque.

« Il ne faudrait pas que les victimes niçoises ne soient que spectatrices », avertit Me Morain.

« Spécificité du dossier »

Beaucoup attendent aussi des réponses des dépositions des experts psychologues et psychiatres. « Il faut ramener Mohamed Lahouaiej-Bouhlel au cœur du débat », estime aussi Me Arnoux, « parce que c’est sa psychose, sa névrose, qui a occasionné son passage à l’acte » et qui explique, selon elle, certains messages envoyés aux accusés.

« Étant donné qu’on n’a pas au procès le réel coupable, peut-être que les victimes souhaiteraient que (les huit accusés) puissent répondre à sa place », estime de son côté Samira Rouibah, l’autre coprésidente de Promenade des anges, dont le fils de 4 ans est mort dans l’attentat.

L’audience débutera deux mois après le verdict au procès des attentats du 13 Novembre.

Crédit photos : Article Par SudOuest.fr avec AFP 30/08/2022

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