L’effondrement d’un pont en Haute-Garonne fait deux morts

Au moins un camion et une voiture circulaient sur le pont routier suspendu à Mirepoix-sur-Tarn, près de Toulouse, lorsque celui-ci s’est affaissé. L’accident relance les questions sur l’état des ponts en France.

Une adolescente de 15 ans et le chauffeur d’un camion ont été tués lundi 18 novembre au matin à la suite de l’effondrement d’un pont routier suspendu à Mirepoix-sur-Tarn, près de Toulouse. Un accident qui relance les questions sur l’état de dangerosité des ponts en France.

Deux morts

Le pont métallique s’est affaissé vers 8 heures, alors qu’« au moins un camion, une voiture et peut-être une camionnette » circulaient sur l’ouvrage, selon la préfecture de Haute-Garonne et les secours.

« On recense d’ores et déjà une victime de 15 ans, décédée, qui a été repêchée ; sa mère qui était dans le véhicule a pu être sauvée, notamment par des témoins », avait précisé dans la matinée le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzéari. L’adolescente était en classe de première au lycée privé d’enseignement professionnel rural de la localité voisine de Montastruc-la-Conseillère, selon l’établissement où une cellule psychologique a été mise en place.

Dans la soirée, le maire de Mirepoix-sur-Tarn, Eric Oget, a annoncé la mort du conducteur, retrouvé dans la cabine du poids lourd. « C’est le bilan définitif, il n’y a pas d’autre personne portée disparue », a assuré l’élu.

« Aucun problème de structure »

Selon le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Georges Méric, plus de 60 pompiers se sont rendus sur les lieux de l’accident. La rivière est profonde de plus de 20 m à cet endroit, pour 100 m de large. Des plongeurs sont sur place.

Ce pont métallique reliant Mirepoix-sur-Tarn et Bessières est situé sur la route départementale 71. Son entretien dépend du conseil départemental de Haute-Garonne, qui précise que l’édifice « n’était pas répertorié comme un ouvrage sensible » et ne bénéficiait pas d’une surveillance particulière.

Le pont, construit en 1931, mesurait 155 m de long et 6,50 m de large. « Une inspection détaillée avait été faite en 2017 et n’avait révélé aucun problème de structure », mais seulement des « désordres de type évolutif normaux ».

Le poids d’un camion en question

A l’entrée du pont, dont une partie reste encore accrochée, un panneau mentionne que l’ouvrage est interdit d’accès aux véhicules de plus de 19 tonnes. Le camion retrouvé est « apparemment un porte-char » ; « ce type de véhicule transporte des grues. A priori, c’est un véhicule lourd », a déclaré le maire de Mirepoix-sur-Tarn, qui ne sait pas si le camion fait plus ou moins de 19 tonnes. Le procureur de Toulouse a fait état de « perquisitions chez le transporteur ». Selon le conseil départemental, il s’agit d’une « entreprise de forage ».

« Ces ponts sont interdits aux véhicules de plus de 19 tonnes, mais il est fréquent que des camions de plus gros tonnage les empruntent », a, pour sa part, relevé le président de la communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin.

Le gouvernement a annoncé le lancement immédiat d’une enquête par le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT). « A cette heure, on ignore encore les causes précises de l’accident », a fait savoir le ministère de la transition écologique et solidaire dans un communiqué. Interrogé sur un possible surpoids du camion, le secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nuñez, qui s’est rendu sur place avec la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Emmanuelle Wargon, a affirmé qu’« aucune hypothèse ne peut-être confirmée » à ce stade. L’enquête devra déterminer « si les conditions d’usage du pont n’étaient pas celles prévues », a ajouté Mme Wargon, précisant que la mobilisation du gouvernement sur la sécurité des ponts était « renforcée » après ce drame.

L’état des ponts en France pointé du doigt

Ce drame « illustre malheureusement » les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a « une vraie dangerosité de l’état de nos ponts », a déclaré son président, Hervé Maurey.

Pour M. Maurey, « un des problèmes est qu’aujourd’hui on ne connaît pas l’état des ponts en France ». La mission d’information a appelé à la fin juin à « un “plan Marshall” pour éviter un drame », réclamant un audit des ponts.

Le Sénat avait mis en place la mission d’information sur la sécurité des ponts à la suite de l’effondrement d’un viaduc à Gênes (Italie), le 14 août 2018, qui avait fait 43 morts.

Publié par Le Monde le 18 novembre 2019.

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