PROCES DU 13 NOVEMBRE : LA COUR FACE A LA DELICATE DECISION DE DIFFUSER IMAGES ET SONS DU DRAME

Après une suspension d’audience jeudi, la cour d’assises spéciale de Paris va décider de la diffusion ou non les images du Bataclan qui partage les parties civiles

Faut-il diffuser des images et du son des attaques contre le Bataclan au procès des attentats du 13 novembre 2015 ? La question qui divise les parties civiles, a été débattue jeudi devant la cour d’assises spéciale de Paris. « Un procès d’assises, c’est d’abord montrer la scène du crime », a affirmé Me Jean-Jacques Delas, avocat de l’association de défense des victimes Life for Paris, à l’origine de la demande de diffusion des enregistrements audio et de photos.

Jusqu’à présent, la cour s’est voulue prudente concernant la diffusion d’extraits sonores des attentats les plus meurtriers ayant frappé la France. « On a déjà vu un certain nombre de choses mais tout n’est pas exhaustif », a indiqué Me Delas. « Il n’existe pas un procès d’assises dans lequel on ne montre pas, même si c’est totalement douloureux, affreux, morbide », a-t-il insisté.

L’avocat a précisé qu’il souhaitait la diffusion de trois extraits audio recueillis par un dictaphone resté ouvert pendant l’attaque : l’entrée des assaillants au Bataclan, des échanges entre la police et des assaillants et enfin l’assaut final. Il a également souhaité la diffusion d’une cinquantaine de photos.

Dignité des victimes

« Il est normal que ceux qui étaient sur place puissent réécouter et entendre et, par ailleurs, ça confronte les accusés à la réalité des faits », a estimé Me Delas. Toutes les associations ne sont pas sur la même longueur d’onde. Pour Me François Reinhart, avocat de l’association 13onze15, si diffusion il y a, « il faut que ça se fasse avec beaucoup de délicatesse ».

Me Géraldine Berger-Stenger, l’avocate de l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT), a appuyé au contraire la demande de Life for paris. « Il est inconcevable que sur dix mois de procès, les crimes commis ne soient pas montrés », a-t-elle dit. « Nous ne voulons pas d’une audience aseptisée », a-t-elle souligné.

« Il est impératif, pour la manifestation de la vérité, que les accusés voient, que les accusés soient confrontés aux photographies des crimes commis par l’organisation terroriste » dont ils font partie. Des avocats ont fait part de leur refus de la diffusion d’images et de son au nom de la dignité des victimes. D’autres ont indiqué qu’ils n’y étaient pas opposés mais sous condition en demandant notamment le huis clos.

La cour rendra sa décision après une suspension d’audience.

Crédit photos : Date : 31/03/2022 Auteur : SudOuest avec AFP Source : SudOuest.fr

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