PROCES DU CRASH DU RIO-PARIS : « MA VIE S’EST BRISEE EN MILLIONS DE DEBRIS », L’EMOTION DES PROCHES DES VICTIMES

Le tribunal correctionnel de Paris écoute jusqu’au 30 novembre les familles des disparus dans le cadre du procès d’Airbus et d’Air France autour du crash du vol Rio-Paris en 2009. Mercredi, des proches des victimes allemandes ont raconté comment ces disparitions ont chamboulé leur vie

Des proches des victimes allemandes du crash du vol Rio-Paris en 2009 ont raconté à la barre mercredi leur souffrance depuis le drame, ouvrant la semaine de témoignages des parties civiles. Le tribunal correctionnel de Paris, devant lequel sont jugés depuis le 10 octobre Airbus et Air France, écoute jusqu’au 30 novembre les familles des 228 personnes mortes dans la catastrophe, dont 28 étaient Allemands.

Prenant la parole en premier, Bernard Gans a décrit la façon dont les membres de l’association allemande HIOP ont vécu la longue instruction qui a abouti au procès. La peine encourue, 225 000 euros, soit « 1 000 euros par personne tuée (...) ne peut être ressentie que comme une insulte aux victimes ». Mais « ce n’est pas le tribunal qui décide les peines, c’est le législateur », a doucement fait remarquer la présidente.

« Sa sépulture, c’est l’Atlantique »

Une femme brune vêtue de noir a ensuite pris place à la barre. « Je pleure la mort d’Adrian qui, le 1er juin 2009, à l’âge de 41 ans, n’a pas atteint la destination qu’il voulait en prenant le vol AF447 », a débuté Victoria Hinzmann. « Adrian était ingénieur en mécanique et se rendait souvent au Brésil pour son travail ». Ce jour-là, il avait « décidé de rentrer à la maison plus tôt que prévu » et de « me faire la surprise », a-t-elle poursuivi. « Nous étions fiancés, voulions nous marier, avoir un enfant ».

Le jour de la catastrophe, « ma vie s’est brisée en millions de débris », a-t-elle résumé. Celle qui était comédienne « n’a plus jamais joué sur scène », ne s’est « pas mariée », n’a « pas eu d’enfant ». Elle raconte « Sa sépulture, c’est l’Atlantique, et chaque année, le jour de l’anniversaire de sa mort, je vais au bord d’une rivière, à la mer, à l’océan, je jette des fleurs et j’imagine qu’elles l’atteignent ».

Tous les corps n’ont pas été retrouvés

Le crash de l’avion a tué 216 passagers et 12 membres d’équipage. Au total, seuls 156 corps ont été récupérés, soit dans les premiers jours suivant l’accident, soit deux ans plus tard, au moment de la découverte de l’épave à 3 900 mètres de fond. Nadine Reichl, 24 ans, a rendu hommage à sa sœur Katja : son « modèle », « toujours présente », qui « voulait changer le monde, aider les gens » et travaillait à l’hôpital.

« Il n’y a pas suffisamment de mots pour vous expliquer à quel point elle était importante pour nous, nous l’avons tellement aimée que son décès a changé ma famille pour toujours », a-t-elle déclaré, très émue. Pendant les deux ans de recherche de l’épave, « nous avons vécu sans savoir. Nous savions qu’il n’y avait aucune chance pour retrouver des survivants, mais malgré tout, je n’ai jamais cessé d’espérer ».

La jeune femme a finalement été enterrée en 2011 « dans sa ville natale ». Mais seule une petite partie de son corps a été retrouvée, source d’« une tristesse infinie » pour sa sœur. La position d’Air France et d’Airbus, qui contestent toute responsabilité dans la survenue de l’accident, « ce n’est pas la voie juste et c’est irrespectueux, envers les pilotes, (...) envers les familles. Et d’un point de vue des faits, c’est faux », a terminé Nadine Reichl.

Crédit photos : Article par SudOuest.fr avec AFP 23/11/22

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