l’essentiel
Jugé devant la cour d’appel de Paris jusqu’au vendredi 28 septembre, un jardinier de la ville de Montauban poursuivi pour incitation à commettre des attentats en ligne et apologie du terrorisme d’extrême droite, a tenté de minimiser le poids de ses publications.
« Je m’étais construit une personnalité sur Internet. » Petite moustache, visage potelé et rouge, Dominique Dayma, dont le procès devant la cour d’appel de Paris s’est ouvert ce jeudi 27 septembre, ne ressemble pas au guerrier suprémaciste dont il portait l’habit derrière les chaînes Télégram qu’il a administrées entre 2020 et 2021.
Poursuivi par le parquet antiterroriste pour incitation à commettre des attentats en ligne et apologie du terrorisme d’extrême droite, ce jardinier de 47 ans, employé de la ville de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, affirme n’avoir commis que du copier-coller. issus d’œuvres néo-nazies et survivalistes.
« Ce n’est que lorsque je me suis retrouvé dans les bureaux de la DGSI que ça m’est revenu. J’ai pris conscience de l’horreur de mes publications », assure le Montalbanais d’une voix maigre.
Une ligne de défense qui ne convainc pas la présidente Isabelle Schoowater. Pendant deux heures, le magistrat s’est lancé dans une conférence approfondie nourrie du contenu des publications mises en ligne sur les chaînes gérées par l’agent territorial.
Œuvres interdites en France
Du pamphlet « The Siege » de James Mason, « ouvrage équivalent à « Mein Kampf » (d’Adolf Hitler) et référence des suprémacistes américains aux « Turner’s Notebooks », roman d’anticipation de William Pierce, autre œuvre phare de l’histoire américaine des néo-nazis ayant inspiré de nombreux massacres… Des œuvres interdites à la vente en France.
Le visage pâle, en quête de réconfort dans la salle d’audience René-Cassin, Dominique Dayma accuse le coup. « C’est terrible à entendre », dit-il. « J’ai du mal à expliquer tout ça, c’est tellement extrême que ça en devient stupide.
— C’est votre analyse aujourd’hui, deux ans après votre arrestation, mais au moment où vous diffusez ?, demande le président.
— Je m’en suis rendu compte, j’étais dans un ghetto politique… N’accordez pas d’importance au contenu que je publiais, dit le jardinier, avouant être un survivaliste et avoir peur de la chute de notre civilisation, du chaos que cela provoquera et dit de s’y préparer en stockant de la nourriture et des armes.
— Votre manifeste « Devenez un loup solitaire avant de rejoindre la meute » où vous donnez des conseils pratiques pour vous cacher, et passer à l’action avec des attaques ciblées, n’est-ce pas du survivalisme ?, poursuit Isabelle Schoowater, répétant point par point ce 19- la publication de cette page ayant provoqué une perquisition de la DGSI.
La Direction générale du renseignement intérieur craint à ce moment-là que l’accusé agisse ou qu’il incite d’autres à le faire. « Ce n’est pas moi, j’ai construit un personnage jusqu’au bout », persiste le quadragénaire.
« J’étais plus royaliste que le roi »
— Vos publications étaient encore très ciblées contre le gouvernement vassal des juifs voire des musulmans, les mosquées qu’il faut brûler, poursuit le magistrat.
— J’ai été galvanisé par mes auditeurs. Je me suis montré plus royaliste que le Roi, dit le jardinier
— Je veux bien que vous disiez que vous avez copié-collé mais on constate que dans les manifestes des terroristes Breivik et Tarrant, vous maîtrisez votre sujet, insiste le juge.
— C’est un manuel, pas un manifeste. Pour le reste c’est du copié-collé, intervient Me Séverine Lheureux, son avocate.
Reprenant dans un inventaire à la Prévert les recommandations formulées par son client dans son manifeste, l’avocat marque les esprits en demandant pour chacune s’il les a mises en pratique.
Un concert de « non » qui ne satisfait pas l’avocat général Rodolphe Juy-Birmann. « La couverture est bien votre œuvre avec des images de la 2ème Panzer Division nazie… »
« J’ai été plus touché par la forme que par le fond, par le côté guerrier », conclut l’accusé avant que le président n’ajourne l’audience.
Cet article est rédigé par ND.