ATTENTATS DE BARCELONE ET CAMBRILS ET EXPLOSION D’ALCANAR DE 2017 I RÉSUMÉ DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU PARQUET ESPAGNOL A LA SUITE DE LA CONDAMNATION PÉNALE DES COMPLICES

Le 17 aout 2017, l’Espagne subissait à nouveau des attaques terroristes sur son sol.

Un premier attentat survenait sur la célèbre avenue des Ramblas à Barcelone. Une camionnette bélier fonçait alors sur les passants tuant 14 personnes. Le chauffeur du véhicule décidait ensuite d’abandonner ce dernier pour prendre la fuite à bord d’une voiture, après avoir tué le propriétaire de celle-ci. Le chauffeur du véhicule fou avait été abattu quelques jours plus tard par les forces de l’ordre.

Quelques heures seulement après cette tuerie de masse aux Ramblas, 5 autres membres de la cellule attaquaient la ville de Cambrils, petite station balnéaire à 100 km au sud de Barcelone. Utilisant le même mode opératoire, à savoir l’arme par destination que représente un véhicule, les assaillants alourdissaient le bilan déjà très lourd de cette double attaque : plusieurs personnes étaient renversées et une femme était poignardée mortellement.

UN PROCÈS EN ESPAGNE

Si les 6 auteurs marocains de ces 2 attaques ont été tués par la police, un procès a tout de même eu lieu en Espagne pour juger les individus suspectés d’être complices de ces attentats revendiqués par l’Etat islamique, et qui ont causé la mort de 16 personnes et en ont blessé des centaines d’autres.

Pendant les débats, au cours desquels plus de 200 témoins ont été entendus, a été révélé que durant l’enquête, le principal accusé, M. HOULI CHEMLAL avait expliqué aux autorités espagnoles que le plan initial de la cellule terroriste était de toucher la basilique de la Sagrada Familia à Barcelone, ainsi que d’autres sites à la fréquentation élevée.

Le verdict a été rendu le jeudi 27 mai 2021 : des peines allant de 8 à 53 ans de prison ont été prononcées à l’encontre des 3 accusés complices, faisant partie intégrante de la cellule djihadiste dirigée par l’imam marocain Abdelbaki ES SATTY, lui-même tué dans l’explosion accidentelle de la maison d’Alcanar, située à 200km au sud Barcelone et où les terroristes fabriquaient leurs explosifs artisanaux.,

- Mohamed HOULI CHEMLAL : le principal accusé a été condamné à 53 ans de prison (contre 41 ans requis par le parquet) pour avoir participé à l’achat de matériel explosif, ainsi qu’à la fabrication d’engins explosifs ;
- Driss OUKABIR : a été condamné à 46 ans de prison (contre 36 ans requis par le parquet) pour avoir loué la camionnette utilisée sur les Ramblas, notamment par son frère qui était l’un des 6 assaillants tués ;
- Said BEN IAZZA : a été condamné à 8 ans de prison (peine requise par le parquet), et ce, pour avoir prêté un véhicule et des papiers aux assaillants.

Dans son communiqué, le tribunal madrilène de l’audience nationale (« Audiencia Nacional ») , chargé notamment des affaires de terrorisme, a toutefois précisé que leur peine effective « ne dépasserait pas 20 ans ».

AUCUNE CERTITUDE SUR LA TENUE D’UN PROCÈS EN FRANCE

Alors que l’instruction française est actuellement toujours en cours, et que la toute première réunion d’information à parties civiles (IPC) à destination des victimes françaises, a eu lieu seulement le 11 mai 2021 au Tribunal Judiciaire de Paris, force est de constater que les victimes souffrent toujours d’un manque d’informations et restent dans l’attente d’un procès qui ne viendra peut-être jamais.

La FENVAC, bien consciente de l’importance de la communication et de l’information des victimes pour la résilience de ces dernières, a été à l’origine de l’alerte à la DIAV (Déléguée Interministérielle à l’Aide aux Victimes) et aux autorités judiciaires françaises sur l’importance capitale de la tenue d’une information à parties civiles (IPC) pour les victimes de cet attentat, jusqu’alors complètement laissées pour compte depuis plusieurs années.

A la suite de l’information à parties civiles (IPC) à laquelle la FENVAC a participé activement, et qui nous oblige au respect du secret de l’instruction, notre association a reçu communication par le ministère français de la Justice, et plus précisément par le SADJAV (Service de l’Accès au Droit et à la Justice et de l’Aide aux Victimes) d’un résumé en français de la conférence de presse du parquet espagnol, qui avait eu lieu à la suite de l’énoncé du verdict du jugement pénal des attentats en Catalogne.

Si la FENVAC salue l’action du ministère de la Justice, elle ne peut, à la lecture du résumé français de la conférence de presse, que déplorer l’autocongratulation manifeste des autorités espagnoles, et dénoncer le manque de communication dans la gestion de ce drame, qu’il s’agisse du manque d’échanges entre les autorités espagnoles et françaises, et ce bien que les procureurs du ministère public de l’Audiencia Nacional aient mis en avant la coopération internationale, ou qu’il s’agisse du manque d’informations à l’égard des victimes françaises par la justice française. En effet, ces dernières n’ont malheureusement appris que bien trop tard, parfois la veille pour le lendemain, la tenue d’un procès en Espagne, et la possibilité pour elles de se constituer partie civile auprès de cet Etat.

Retrouvez le résumé en français de la conférence de presse en pièce jointe de cet article.

Crédits photo : RND/dpa/mkr

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