Il y a dix ans, le 24 juillet 2014, le vol Air Algérie AH5017 qui devait rallier l’aéroport de Ouagadougou au Burkina Faso à l’aéroport d’Alger en Algérie, se crashait près d’un village malien à 50 kilomètres du Burkina Faso. Le lendemain du crash, les militaires français de l’opération SERVAL se rendaient sur l’emplacement de l’épave. Cent dix passagers et six membres d’équipage se trouvaient à son bord. Tous perdront la vie lors de cet accident.
Dès le 29 juillet 2014, une information judiciaire était ouverte en France des chefs d’homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement.
L’avion avait été affrété par la compagnie Swiftair, sous-traitante d’Air Algérie.
Les expertises menées par le BEA ont contribué à reconstituer le déroulé des évènements.
Peu après le décollage, l’équipage avait dû effectuer plusieurs altérations de cap afin d’éviter une cellule orageuse avant que l’aéronef atteigne son altitude de croisière, soit 9500 mètres d’altitude.
À peine deux minutes après cette phase de stabilisation, l’EPR, paramètre principal de conduite des moteurs, avait enregistré des valeurs erronées sur le moteur droit puis le moteur gauche de l’appareil. Ces valeurs inexactes étaient liées au givrage des capteurs de pression, l’équipage n’ayant pas activé durant le vol le système de protection permettant de réchauffer les capteurs par de l’air chaud.
Ce givrage avait donc entraîné des informations erronées, transmises ensuite à l’auto-manette, conduisant cette dernière à limiter la poussée délivrée par les moteurs. La diminution de la vitesse de l’avion avait entraîné le décrochage de l’appareil puis le crash.
L’enquête judiciaire avait démontré, quant à elle, des manquements dans la formation des pilotes. Ces carences avaient empêché l’équipage de prendre conscience des conditions de vol extérieures, d’appréhender la détérioration des paramètres moteurs et d’y faire face.
Ces insuffisances dans la formation étant directement imputables à Swiftair, la compagnie avait été mise en examen en 2017.
En 2020, les juges d’instructions avaient finalement rendu une ordonnance de renvoi de la société devant le tribunal correctionnel de Paris. La tenue du procès qui devait débuter le 2 octobre 2023, avait finalement été suspendue, après que la compagnie Swiftair ait soulevé une question préjudicielle. En effet, celle-ci soutient que la justice française est incompétente pour juger ce dossier, la compagnie ayant d’ores et déjà été jugée en Espagne. Cette demande avait par ailleurs été soutenue par les magistrats du parquet et du siège, suscitant l’incompréhension des familles des victimes, ne parvenant pas à s’expliquer pourquoi cet aléa procédural n’avait pu être anticipé auparavant.
La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE), dont le rôle est de veiller à l’application du droit de l’Union Européenne et à l’uniformité de son interprétation au sein de l’ensemble des états membres, sera donc amenée à trancher prochainement cette question. Le tribunal correctionnel de Paris assure le suivi de la procédure devant la CJUE. Les juges réuniront les familles le 4 septembre prochain.
Dix ans après les faits, les familles de victimes réunies au sein de l’association AH5017 – Ensemble restent donc toujours dans l’attente d’un procès. Ils restent plus déterminés que jamais à ce que Justice soit faite.
Après le drame, la présidente de l’association, Suzanne Aillot et la vice-présidente de l’association Sandrine Tricot, ont choisi de s’investir plus largement pour l’entraide des victimes de drames collectifs en rejoignant la FENVAC. Sandrine Tricot a par ailleurs pris la présidence de la Fédération en décembre 2023.
La FENVAC, également constituée partie civile dans cette affaire, par l’intermédiaire de son avocat Maitre Busy, continuera de soutenir les familles des victimes de ce crash et plus largement l’association des victimes dans leur combat vers la vérité et la Justice.
En cette date d’anniversaire, nos pensées vont aux victimes décédées. Nous adressons notre soutien à leurs proches, qui ne commémoreront pas leurs disparus dans le parc de Bercy, comme chaque année, du fait de la tenue des Jeux Olympiques. Une cérémonie sera organisée le 26 octobre prochain, à laquelle assistera la FENVAC, ainsi que l’assemblée générale de l’association AH5017 – Ensemble.
Nous n’oublions pas.