Après un peu plus d’un an d’enquête, le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) publie aujourd’hui son rapport définitif sur le crash de l’Airbus A340 à Toulouse qui avait fait neuf blessés donc quatre graves. Le 15 novembre 2007, un A340-600 qui devait être livré à la compagnie Etihad avait percuté un mur anti-bruit lors d’essais moteurs au sol. Les enquêteurs du BEA ont reconstitué minute par minute le film de l’accident. Les deux techniciens (un salarié Airbus et un représentant de la compagnie aérienne) aux commandes ont effectué une première série de tests moteurs.
À l’issue de ces essais, un suintement d’huile a été repéré les incitant à refaire une série de tests sans cale aux roues.Les quatre moteurs ont alors été poussés à 80 % de leur puissance. À ce moment, l’avion était alors retenu par les freins de parking. Mais la poussée trop forte des moteurs a fini par faire avancer l’appareil. Le technicien d’Airbus est alors alerté par son confrère que l’avion avance. L’Airbusien aux commandes, âgé de 41 ans, décide alors d’actionner les freins situés aux palonniers pour retenir plus fortement l’avion. Voyant arriver le mur en face, il décide également de dévier l’appareil de sa trajectoire en utilisant le volet de direction.
Le troisième homme agit trop tard
Malheureusement, cette manœuvre annule le freinage du train central qui ne retient plus l’avion et envoie l’A340 dans le mur. Couper les moteurs aurait pu sauver l’avion. C’est ce qu’a tenté de faire, un troisième technicien présent dans le poste de pilotage. Se rendant compte que la manette des gaz était poussée à 80 %, il a coupé les moteurs mais trop tard…
Une seconde plus tard, l’A340 flambant neuf escalade le mur et se brise en deux.Le rapport du BEA est accablant pour la direction des essais d’Airbus. Les enquêteurs ont relevé des « dérives répétitives » dans les procédures d’essais moteurs. Ces essais doivent s’effectuer sur deux moteurs, jamais sur quatre à la fois et toujours avec des cales. Or les images de vidéo-surveillance ont montré que quasiment aucun essai ne se faisait avec cales afin de gagner du temps. « La pression commerciale pour livrer les avions le plus vite possible est forte » fait remarque le BEA.
Depuis Airbus a renforcé ses mesures de sécurité avec l’utilisation obligatoire de cales. En attendant le gâchis dépasse les 175 millions de dollars… prix catalogue !
La Dépêche du Midi, 10/12/2008, Gil Bousquet