Selon un premier rapport d’expertise, le car polonais qui s’était écrasé au bas d’une longue descente, à proximité de Grenoble, aurait souffert d’une défaillance de son système de freinage.
Le freinage est bien en cause dans le drame de Laffrey. Le 22 juillet 2007, un car de pèlerins polonais revenait du monastère de Notre-Dame-de-la-Salette, à proximité de Grenoble, dans les Alpes. Alors que la signalisation le lui interdisait, le véhicule empruntait une très longue descente située à proximité de la commune de Laffrey, dans l’Isère, longue de sept kilomètres et comportant des pentes inclinées jusqu’à 12%.
Incapable de freiner, le car s’était écrasé au bas de la descente, faisant 26 morts et 24 blessés. Une tragédie qui aurait dû être évitée : construit en 2000, le véhicule, de marque Scania, était un modèle récent, dont le dernier entretien remontait au mois précédent. Surtout, il était équipé d’un système de freinage d’assistance au freinage en cas d’urgence, conçu pour stopper le véhicule à tout prix.
Mais un rapport des gendarmes de l’IRCGN (l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), que le Dauphiné Libéré dévoile dans son édition de jeudi vient pointer le mauvais entretien de ce système comme cause majeure de l’accident.
Comme tous les autobus récents, le véhicule était équipé d’un triple système de freinage : les freins normaux, à disque, le frein moteur, mais également un dispositif hydraulique d’assistance au freinage, qui permet d’éviter d’user les plaquettes de frein en appuyant constamment sur la pédale en descente.
1,5 litre d’huile manquait dans le système de freinage
Or, « les experts ont constaté qu’il manquait plus d’1,5 litre d’huile dans ce dispositif d’assistance au freinage, ce qui a probablement gravement altéré son fonctionnement et l’a même peut-être rendu inopérant ». Les gendarmes ont, de fait, constaté une « usure anormale des plaquettes ainsi que des disques » du car.
Si la thèse d’une « défaillance éventuelle du système hydraulique du ralentisseur électrique » est privilégiée, une erreur humaine n’est pas à exclure : outre qu’il s’était fié aveuglément à son système GPS qui lui indiquait cet itinéraire, ce malgré les nombreux panneaux lui interdisant d’emprunter la descente, le chauffeur, un jeune homme de 22 ans, aurait également pu omettre d’activer l’assistance au freinage, provoquant l’usure prématurée de ses freins.
Suite à l’accident, François Fillon avait chargé Jean-Louis Borloo d’un audit national sur tous les itinéraires à forte déclivité afin d’y engager des aménagements. La descente de Laffrey avait par ailleurs été plus fortement contrôlée afin d’éviter que des véhicules de plus de huit tonnes l’empruntent malgré l’interdiction
Le Figaro, par Samuel Laurent, le 20 mars 2008.