Accident de rallye dans le Var : l’expertise de la voiture déterminera les suites judiciaires

La voiture qui a foncé dans la foule samedi au Rallye des Maures (Var), et dont le pilote met en cause les freins, devait être expertisée près de Paris, pour des résultats espérés d’ici jeudi, a déclaré lundi la procureure de Draguignan. (c) Afp

L’enquête sur l’accident du Rallye des Maures, qui a fait deux morts et 19 blessés samedi dans le Var, est désormais suspendue aux résultats de l’expertise de la voiture, espérés jeudi, après que le pilote eut mis en cause des freins selon lui défaillants.

Selon le procureur de la République à Draguignan, Danielle Drouy-Ayral, le véhicule a été transféré à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN) à Rosny-sous-Bois pour expertise, "afin de savoir si les conclusions infirment ou confirment les déclarations du pilote".

La magistrate espère disposer de premiers éléments de l’IRCGN d’ici jeudi pour décider ou non d’ouvrir une information judiciaire. Des analyses toxicologiques et d’alcoolémie sont aussi en cours.

Le pilote et le co-pilote, interrogés depuis dimanche à la gendarmerie de Gassin-Saint-Tropez, sont sortis de garde à vue lundi matin.

Le fait que le pilote n’ait pas été déféré à l’issue de son audition, ne signifie pas "qu’il soit indemne de toutes responsabilités", a souligné Mme Drouy-Ayral.

"Selon le pilote, qui met en cause une défaillance technique, la pédale est devenue spongieuse au moment où il a voulu freiner", a déclaré le procureur à la presse, précisant qu’à cet instant il était à près de 140 km/h.

Selon elle, le "copilote, qui était dans ses notes, n’a pas compris ce qui se passait. Il y a eu le cri du pilote. Il n’a pas eu le temps d’annoncer la manoeuvre" prévoyant de tourner à droite, la voiture fonçant alors tout droit dans la foule.

Aucune plainte de victimes n’est remontée pour l’instant au parquet.

"Mon client a expliqué aux gendarmes que la pédale de frein n’a pas répondu. Il a alors actionné le frein à main hydraulique avant d’aborder la courbe mais il n’a pas pu rétablir la course", a expliqué pour sa part à l’AFP l’avocat du pilote, Me Patrice Moeyaert.

Selon lui, l’usage du frein à main est visible sur les vidéos de la course qui montrent "de la fumée au niveau des roues arrières".

"C’est un pilote d’expérience. Il court depuis 22 ans. Cette épreuve spéciale il la connaît par coeur. Lors de la première, il avait entendu des cliquetis dans le moteur. Il avait décidé de rouler en-dessous de l’allure habituelle (140 km/h au lieu de 180 km/h, ndlr) par peur de bloquer le moteur. En revanche, il n’avait enregistré aucune alerte au niveau des freins", a ajouté le conseil.

"Mon client est effondré, il est hanté par les images des victimes", a-t-il encore dit.

L’accident a fait deux morts et 19 blessés, quand samedi à 16H10, au cours d’une épreuve spéciale chronométrée du 14e Rallye régional des Maures, la voiture n° 63, une Golf orange, a foncé tout droit, dans la foule, au lieu de prendre un virage à droite, projetant certaines victimes à plusieurs mètres dans des vignes.

Un homme de 20 ans et un commissaire de course de 50 ans ont été tués et 19 personnes de 9 à 65 ans, dont le co-pilote, blessées et évacuées dans sept hôpitaux de la région. Lundi, trois blessés étaient toujours en réanimation et neuf autres étaient encore hospitalisées, six étant sortis de l’hôpital, dont un garçon de neuf ans, selon la préfecture du Var.

La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, a promis dimanche un "travail de fond" sur la sécurité des épreuves automobiles, écartant des "mesures intempestives".

Elle rencontrera la semaine prochaine le ministre de l’Intérieur et le président de la Fédération française du sport automobile pour "regarder ensemble la réglementation et la sécurisation du public", plusieurs rallyes automobiles ayant donné lieu récemment à des accidents mortels.

Le Nouvel Observateur - 21 mai 2012


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