Loïc Liber, tétraplégique à 28 ans, ne pourra pas faire le déplacement à Paris pour rendre hommage à ses trois camarades assassinés.
« Je remercie tout le monde pour les nombreux témoignages, les prières, l’immense soutien que l’on m’a apporté. » C’est le message que le jeune Loïc Liber, parachutiste du 17e régiment de génie parachutiste de Montauban, blessé par Mohamed Merah le 15 mars dernier, veut adresser à l’opinion et aux autorités lors de la cérémonie organisée aux Invalides mercredi prochain.
Dans « un lit de souffrance terrible » depuis des mois, tétraplégique et sous assistance respiratoire malgré plusieurs opérations, le sapeur 1re classe ne pourra pas faire le déplacement à Paris pour rendre hommage à ses trois camarades tombés sous les balles de Mohamed Merah. Mais il veut que l’on sache : « Pas un jour ne passe sans que je pense à eux », répète-t-il à propos d’Abel Chennouf, Mohamed Legouad et Imad Ibn Ziaten. Aux trois enfants juifs de l’école Ozar Hatorah aussi, froidement exécutés le 19 mars avec un des enseignants.
Une supplique à François Hollande Par l’intermédiaire de son avocate, Me Laure Bergès-Kuntz, qui le représentera à la cérémonie aux côtés des autres familles de victimes, il veut adresser une supplique à François Hollande, qui sera présent avec plusieurs ministres, élus et autorités du monde judiciaire : « Ne pas les oublier, tout mettre en œuvre pour connaître la vérité. »
« C’est son obsession aujourd’hui : savoir, explique l’avocate. Il veut le nom de tous les responsables du massacre, le réseau, les complicités. Il n’a ni rancœur ni désir de vengeance mais il veut connaître la vérité pénale », précise-t-elle en confiant son profond traumatisme. « Sa vie est complètement brisée, sa santé, mais il a également peur, il reste terrorisé par le seul nom de Merah. »
Très entouré par ses proches, Loïc Liber est tout particulièrement reconnaissant envers l’institution militaire qui est « très attentive » au jeune homme, dit son entourage, et « vraiment à la hauteur ».
Chaque semaine, ses camarades font un trajet de 8 heures pour venir le voir à Cerbère, près de Collioure, où il est en rééducation. Un groupe de soutien sur Facebook lui est également dédié, avec mille affections et messages d’espoir. Émilienne, sa mère, fait de nombreux allers-retours depuis la Guadeloupe, d’où il est originaire, pour être à son chevet.
Sa fiancée, Audrey, 25 ans, a quant à elle démissionné de son poste d’enseignante en Guadeloupe pour s’installer en métropole, près de lui. Le jeune couple envisage de se marier mais attend pour l’heure une nouvelle opération de Loïc et un transfert à l’hôpital militaire de Percy ou à l’Institution des Invalides.
Delphine de Mallevoüe, Le Figaro - 14 septembre 2012