Air Mooréa : triste anniversaire pour les familles des 20 victimes

Le 9 août 2007, peu après midi, le vol 1121 d’Air Moorea s’abîmait en mer, quelques secondes à peine après son décollage de l’aéroport de Temae. Un dramatique accident qui a coûté la vie aux 19 passagers du Twin Otter et à son pilote, et jeté le deuil sur toute la Polynésie.

Trois ans plus tard, les familles des victimes ont souhaité commémorer le souvenir de leurs proches, lors d’une cérémonie plus intime que celles organisées ces deux dernières années. “Le poids des officiels et des médias gênait quelque peu le recueillement”, explique sur ce point Nikolaz Fourreau, le président de l’association 9-8-7, qui regroupe les proches des victimes. Hier, en fin d’après-midi, ceuxci se sont donc recueillis devant une pierre de l’île soeur, aujourd’hui placée dans les Jardins de Paofai, monument symbolique, destiné à ne pas oublier l’accident fatal. Une messe a en outre été dite à la cathédrale de Papeete, en mémoire des 20 victimes.

Sans procès, difficile de faire le deuil

Mais difficile, pour les familles, de tourner la page alors qu’aucun procès ne s’est encore tenu, et que, par conséquent, aucune condamnation n’a été prononcée à l’encontre d’éventuels responsables : “Tant qu’il n’y aura pas eu, à la fois d’un point de vue civil et pénal, des coupables et des réparations, même si on ne peut pas réparer ce qui a été fait, on sera toujours dans une situation instable”, déplore le président de l’association 9- 8-7. Pour les proches des disparus, le temps judiciaire est décidément bien long. Trop long.

Les multiples demandes de contreexpertises formulées par les avocats des sept mis en examen (dont la compagnie en tant que personnemorale) retardent d’autant l’échéance d’un audiencement de l’affaire, ce qui irrite particulièrement les familles, qui doutent de la “bonne foi” des arguments de la défense. À l’heure actuelle, la bataille des experts fait encore rage dans les coulisses du palais de justice. Les causes de la rupture du câble de gouverne du Twin Otter, qui pourrait être à l’origine du crash, diffèrent en effet selon les parties. Les avocats des mis en examen estiment que cette rupture n’a pas eu lieu en vol, alors que les proches de victimes affirment, pour leur part, le contraire.

“Pour l’instant, il n’y a rien de nouveau. L’instruction suit son cours. Il y a de légères divergences entre les experts et le BEA — le Bureau d’enquêtes et d’analyses —, qui nécessitent d’être étudiées avant d’envisager un renvoi devant le tribunal”, précise-t-on au parquet de Papeete. “Ils — les mis en examen, Ndlr — jouent sur les causes de l’accident, mais elles restent assez accessoires car, finalement, les défauts de maintenance, le problème de gestion de l’entreprise, ils existent. Ils ont été retenus et validés”, martèle, de son côté, Nikolaz Fourreau.

Au vu de l’avancement du dossier, un procès se tiendrait “au mieux” à la fin de l’année 2011, voire en 2012, selon les autorités judiciaires. De longs mois d’attente en perspective pour ces familles “traumatisées”, qui tentent aujourd’hui de redonner un sens à leurs vies, soudainement brisées le 9 août 2007.

J.-B. C. / La dépêche de Polynésie / 10 août 2010


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes