ATTAQUE AU COUTEAU A ANNECY : COMMENT FONCTIONNENT LES CELLULES PSYCHOLOGIQUES

Six personnes, dont quatre jeunes enfants, ont été blessées, ce jeudi 8 juin 2023, dans un parc public d’Annecy (Haute-Savoie). Le maire a annoncé l’ouverture d’une cellule psychologique pour les élèves et les parents des écoles voisines. Comment fonctionne une cellule psychologique ? On fait le point.

Stupeur et consternation à Annecy (Haute-Savoie). Six personnes, dont quatre enfants en bas âge, ont été blessées par un homme armé d’un couteau près d’un parc pour enfants, ce jeudi 8 juin 2023 au matin. Peu de temps après l’attaque, une cellule psychologique a été mise en place par les autorités « pour les parents » et les victimes, a indiqué le maire de la ville, François Astorg. Une seconde cellule a été mise en place « pour les agents de la ville ». « Deux agents de la ville ont tenté d’arrêter le suspect au moment où il commettait ses crimes », a notamment ajouté l’édile à la presse.

Qui participent à cette cellule psychologique ?

Selon la situation, une cellule psychologique, appelée cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), se place dans un espace sécurisé, suffisamment loin de l’attaque, pour y recevoir les victimes ou sur des plateformes hospitalières. Chaque département possède sa propre cellule, composée de psychiatres, psychologues, infirmiers et « adhérents, également psychologues et psychiatres, qui se sont inscrits bénévolement à la cellule », nous renseigne Avril Prosper, psychologue à la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac).

Présents sur place, s’ajoutent les sapeurs-pompiers, les secours ainsi que des associations d’aide aux victimes. Ici, au vu de l’âge des victimes, « des pédopsychiatres ont dû être dépêchés sur les lieux » , précise la professionnelle.

Comment fonctionne-t-elle ?

Les personnes sont accueillies individuellement ou en groupe. « L’intérêt dans ces moments-là, c’est de ne pas désolidariser les familles. Cela peut être très mal vécu. Bien souvent d’ailleurs, les personnes sont en état de sidération : elles ont du mal à raconter ce qui s’est passé. Notre rôle, c’est de faire redescendre la pression », explique Avril Prosper.

Le 16 décembre 2022, lors de l’incendie d’un immeuble à Vaulx-en-Velin (Rhône), faisant dix morts, six adultes et quatre enfants, « des plages horaires avaient été organisées pour recevoir les proches des victimes », relate la psychologue.

Pour certains, « le simple fait de voir une blouse blanche peut les rassurer ». « On a aussi beaucoup d’appels de parents qui nous demandent comment raconter ce qui vient de se passer à leurs adolescents », poursuit-elle en ajoutant qu’une cellule peut rester plusieurs jours en action.

Qui peut y avoir accès ?

Tous ceux qui en ressentent le besoin. Que ce soit les victimes, leurs proches, « les copains, les grands-parents, mais aussi ceux qui ont été choqués en regardant les informations, tous ceux qui se sentent concernés », insiste la psychologue. « À partir du moment où on a été confronté à un évènement traumatique, on a besoin d’aide. »

Quelle suite après la cellule psychologique ?

Le choc psychologique peut durer des mois, voire des années. Et c’est pour ça que l’effort ne s’arrête pas à la cellule d’urgence médico-psychologique. Il existe également des unités médico-judiciaires (UMJ) qui vont s’occuper des blessés, les médecins légistes y délivrent notamment des ITT.

Vient ensuite, quelques jours plus tard, le centre régional psycho-traumatisme (CRP) qui peut délivrer gratuitement jusqu’à 15 rendez-vous avec un professionnel. Au bout des séances, le patient peut être réorienté vers un centre de consultations médico-psychologique ou pour les mineurs, vers un centre médico psycho pédagogique, qui pourra poursuivre la psychothérapie.

Reste enfin l’aspect juridique. « Dans ce type d’événement, extrêmement médiatique, les victimes peuvent être sollicitées par des avocats, des personnes tierces, pour signer des documents. Il faut faire très attention », prévient Avril Prosper qui appelle à ne rien signer et à se rapprocher des associations d’aides aux victimes. « Dans ce genre de cas, rien ne presse. Et notre rôle, c’est d’apporter une aide juridique, psychologique et même administrative. »

À Annecy, une cellule d’information au public a été activée ce jeudi et est joignable au 04 50 33 61 33.

Article rédigé par Léa COUPAU publié sur le site :
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/attaque-au-couteau-a-annecy-comment-fonctionnent-les-cellules-psychologiques-a13b7df8-0611-11ee-abdf-8d9bdb6069f1

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