Attentat à la préfecture de police de Paris : cinq proches du tueur interpellés

Une cérémonie d’hommage au quatre victimes de Mickaël Harpon a été organisée à la préfecture de police de Paris. LUDOVIC MARIN / AFP

Parmi les arrestations : l’imam controversé de la mosquée de Gonesse.

Cinq personnes de l’entourage de l’auteur de la tuerie à la préfecture de Paris ont été interpellées dimanche soir, peu avant minuit, dans le Val-d’Oise, au nord de Paris, a appris l’AFP de sources judiciaire et proches de l’enquête, confirmant une information de RTL.

Ces arrestations et des perquisitions ont eu lieu à Gonesse, Sarcelles et Le Thillay, selon une des sources proches de l’enquête, une dizaine de jours après l’attentat du 3 octobre à la Préfecture de Police, où Mickaël Harpon a tué quatre collègues avant d’être abattu.

De source proche du dossier, les suspects, tous masculins, sont désignés comme étant « connu dans l’environnement radical » de l’informaticien. Certains ont notamment été ciblés après avoir été repérés sur les fadettes téléphoniques du tueur, d’autres entretenaient des relations de « voisinage ». Au regard de l’extrême sensibilité de l’affaire, les interpellations ont été notamment assurées par les policiers d’élite du Raid et de la BRI. Agés de 35 à 46 ans, les cinq hommes interpellés ont été placés en garde à vue pour une durée théorique de quatre jours, le temps de procéder à des « vérifications ». Au dernier stade des perquisitions, les policiers ont saisi essentiellement du matériel informatique en cours d’exploitation.

Parmi les cinq personnes interpellées dans le Val d’Oise par les enquêteurs de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), de la sous-direction antiterroriste (SDAT) et de la Brigade criminelle, figurent un chauffeur de taxi travaillant sur le site de Roissy ainsi qu’Ahmed Hilali, l’ancien imam controversé de la mosquée de Gonesse.

L’homme, présenté comme fiché S en 2015 sans que la place Beauvau ne le confirme, a été renvoyé de la mosquée, le 11 octobre, par les responsables du lieu de culte. Cette même année, le Marocain de 35 ans, avait fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français et son domicile avait été perquisitionné. Il est, depuis, en possession d’un titre de séjour valide. La nouvelle de son renvoi a causé un trouble chez une partie des fidèles, qui s’opposaient vendredi soir à son départ, a déclaré lundi au Figaro l’imam référent de la mosquée Hassan El Houari.

Proche de la mouvance « islamiste salafiste »

Mickaël Harpon, qui vivait à Gonesse, était converti à l’islam depuis une dizaine d’années et fréquentait des membres de la mouvance « islamiste salafiste », avait indiqué le procureur antiterroriste quelques jours après l’attaque.

Informaticien employé depuis 2003 à la préfecture de police, Mickaël Harpon s’occupait de la maintenance à la direction du renseignement (DRPP). Selon un rapport interne de son service après l’attaque, cet agent administratif avait justifié en 2015 auprès de certains de ses collègues l’attentat de Charlie Hebdo sans faire l’objet d’un signalement « formel ».

L’enquête se poursuit pour tenter de comprendre si l’attentat est le fait d’un coup de folie solitaire sur fonds d’autoradicalisation ou si Mickaël Harpon a bénéficié de complices ou d’inspirateurs.

L’épouse de Mickaël Harpon, placée en garde à vue le jour des faits, a été remise en liberté, sans poursuites. Cette femme de 38 ans, souffrant comme son mari de surdité, a assuré aux enquêteurs n’avoir jamais eu connaissance du projet de son époux. Elle a décrit la crise qui l’a agité la nuit précédant l’attaque et dont les voisins, qui l’ont entendu crier à plusieurs reprises « Allah Akbar », ont été les témoins.

L’attaque, qui correspond aux mots d’ordres récurrents du groupe État islamique de s’en prendre aux forces de l’ordre, n’a pas été revendiquée. Sans en revendiquer la paternité, l’EI a mentionné l’attentat jeudi dans sa lettre hebdomadaire de propagande.

Publié par Christophe Cornevin, pour Le Figaro, le 14 octobre 2019.

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