Attentat à Manchester : Pour les victimes des attentats en France, « cela rappelle évidemment de terribles souvenirs »

L’attaque de lundi soir au Royaume-Uni entre en résonance avec ce que beaucoup ont subi en 2015 et 2016.

  • Les victimes et proches de victimes des attentats en France réagissent à l’attentat de Manchester
  • L’attaque, à proximité d’une salle de spectacle, rappelle évidemment celle du Bataclan
  • Certains regrettent de n’être sollicités par les médias qu’au moment des attentats

Lundi soir, Georges Salines assistait à Paris au spectacle intitulé « Cœurs de vie », une pièce qui propose une réflexion sur le sens de l’existence. Le président de l’association « 13 Novembre : Fraternité et Vérité », qui a perdu sa fille au Bataclan, était loin de se douter « qu’au même moment, dans une autre ville en Europe, un spectacle était la cible d’une attaque » comme il le raconte à 20 Minutes.

L’attentat au Royaume-Uni a fait écho à son histoire personnelle : « Quand j’entends le chef de la police de Manchester qui donne le numéro de téléphone pour les proches, ça rappelle évidemment de terribles souvenirs, explique Georges Salines. Les portables qui ne répondent pas, les recherches frénétiques… »

« Cela peut ranimer le souvenir de l’attentat passé »

Pour Emmanuel Domenach, « la nuit n’a pas été facile ». Ce rescapé du Bataclan a suivi les événements de lundi soir sur les réseaux sociaux. « Les cris, la peur des gens, ça entre en résonanceavec ce que l’on a vécu, avance-t-il. J’aimerai beaucoup pouvoir décrocher, mais je n’y arrive pas. J’ai besoin de savoir et de comprendre. »

Au-delà du choc que n’importe qui peut ressentir face à un attentat, les « survivants » d’attaques terroristes précédentes peuvent avoir du mal à digérer un nouveau drame du même type. « Cela peut ranimer le souvenir de l’attentat passé et donner lieu à une réactivation parfois violente des symptômes », expliquait en 2016 à 20 Minutes Régine Waintrater, psychanalyste, spécialiste des psychotraumatismes, maître de conférences à l’Université Paris 7 Diderot.

« Revenir dans l’actualité peut être déstabilisant  »

D’autant plus que les personnes peuvent très mal vivre une nouvelle sollicitation médiatique. « Je trouve triste qu’il faille un attentat ailleurs pour qu’on se souvienne un peu de nous, lance Emmanuel Domenach. Ce n’est pas parce qu’on en parle moins que les difficultés et les souffrances quotidiennes ont disparu. » Les associations regrettent d’ailleurs la disparition du secrétariat d’Etat à l’aide aux victimes, mis en place sous François Hollande.

« Pour des victimes d’attentat qui n’ont pas choisi de représenter une association, le fait d’être sollicitées à nouveau pour témoigner quand il y a une attaque, cela peut être très déstabilisant alors qu’elles ont le sentiment d’être oubliées le reste du temps », avertit Alexis Lebrun, porte-parole de l’association « Life for Paris » et rescapé du Bataclan. Pour Emmanuel Domenach, le dialogue entre victimes est primordial dans ces moments-là : « On se rassure mutuellement, on se donne de la force, on se reconstruit. C’est important d’être avec des gens qui comprennent ce dont on parle.  »

Source : 20minutes.fr
Auteur : Nicolas Raffin
Date : 23 mai 2017

Crédit photos : Source : 20minutes.fr Auteur : Nicolas Raffin Date : 23 mai 2017

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