Attentat d’Arras : enregistrement, préparation de l’attaque... ce que révèle l’enquête sur le terroriste Mohammed Mogouchkov

Un peu plus d’un mois après l’attentat à Arras, les premiers éléments de l’enquête révèlent la préparation de l’attaque, mais aussi la radicalisation extrême de Mohammed Mogouchkov.

Le vendredi 13 octobre dernier, Mohammed Mogouchkov a lancé son attaque au couteau dans un collège-lycée d’Arras. Lors de cet attentat, le professeur Dominique Bernard a été tué, et trois autres personnes blessées, avant que l’assaillant de 20 ans soit interpellé par la police. Nos confrères du Parisien dévoilent les premiers éléments de l’enquête ainsi que les déclarations du terroriste durant ses gardes à vue.

Vendredi 13
Les motivations de Mohammed Mogouchkov restent encore floues, puisque le terroriste se mure dans le silence ou alors fait preuve de désinvolture avec les enquêteurs. Mais le choix du jour de son passage à l’acte n’est pas anodin : un vendredi 13. "Je pense qu’il a fait exprès de choisir le vendredi 13, car c’est symboliquement un jour de malheur mais aussi l’attaque du Bataclan (13 novembre 2015)", explique l’un de ses frères.

Son entourage témoigne également d’une fascination du vingtenaire pour les djihadistes célèbres, particulièrement Mohamed Merah, terroriste ayant tué plusieurs militaires à Toulouse et Montauban mais aussi responsable de la tuerie de l’école juive toulousaine Ozar Atorah en 2012. Ses proches rapportent aussi qu’il appréciait Abdoullakh Anzorov, assassin de Samuel Paty, et raconter "comment l’attentat s’était passé" ou encore montrer "les couteaux qu’il a utilisés".

Des messages envoyés
Mohammed Mogouchkov aurait envoyé à un compte Telegram la Une d’un journal de Marianne, avec une représentation de la Marianne décapitée, et à un second compte une minute après, la Une d’un numéro de Charlie Hebdo mais aussi plusieurs photos de lui, alors qu’il est filmé aux abords de l’établissement scolaire.

Les deux interlocuteurs également ont reçu "Al Arassi, Arras" ainsi que "Soon very soon" (qui se traduit par bientôt très bientôt). Ceux-ci n’ont pas encore été identifiés, indique Le Parsien, mais il s’agirait de deux russophones radicalisés. Le mystère plane autour du rôle de ces deux personnes.

"Vous me poussiez vers l’enfer"
L’exploitation de son téléphone a révélé de nombreuses choses, notamment sur ses pensées et ses positions. Une vidéo a été découverte, que Mohammed Mogouchkov aurait tourné quelques minutes avant l’attentat, devant le monument aux morts de la ville. "Alors, les Français, c’est ça, vos valeurs ? Vous allez voir ! Bientôt, il y aura plus de tête. Le soldat français hier soldat de dieu, ah ouais, on va voir. On va voir qui sera en enfer, qui sera au paradis, inchallah !", s’est-il exprimé dans cette dernière.

Mais ce qui retient particulièrement l’attention des policiers, c’est un enregistrement audio de près de 14 minutes en pièce jointe d’un mail. Ce dernier devait être envoyé à plusieurs rédactions de médias français à 10 h 59 (heure de fin présumée de son attaque) le jour de l’attentat. Mais le mail n’aurait jamais été envoyé.

Dans cet audio, Mohammed Mogouchkov se présente comme "Abou Ibrahim Mohammed Al-Arrassi Al-Caucasi (Mohammed, originaire d’Arras et du Caucase)" et prête allégeance à l’actuel chef de l’organisation État islamique (EI). Le terroriste de 20 ans s’en prend au chef de l’Etat. "Oh, écoute-moi Macron, pourquoi je ne te vois pas croire en Allah, le dominateur suprême ? Pourquoi ne te vois-je pas te prosterner ?", a-t-il furieusement déclaré, cité par Le Point.

L’assaillant éprouve une haine toute particulièrement pour son pays de résidence : la France, qu’il qualifie de "pays de la lâcheté, de l’ignorance et du polythéisme. J’ai étudié dans vos écoles, vous m’avez appris ce qu’est la démocratie, la République, les droits de l’Homme. Vous me poussiez vers l’enfer. Vous m’invitiez à mécroire en Allah. Ceux qui invitent à cela sont destinés au feu de l’enfer !"

Le sujet de la guerre entre Israël et le Hamas est évoqué en conclusion de l’enregistrement audio. Son geste serait une vengeance de ce qu’il se passe au Proche-Orient sur le sol français.

Cet article est rédigé par Thomas LORENTZ pour MidiLibre.

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