ATTENTAT DE NICE : LES PRINCIPAUX ACCUSES DISENT N’AVOIR RIEN SU DES DESSEINS DU TERRORISTE

Au procès de l’attaque au camion-bélier en 2016, Ramzi Arefa était le dernier des trois accusés jugés pour association de malfaiteurs terroriste, a être interrogé sur les faits ce mardi 15 novembre. Tous ont répété « ne pas avoir aidé » ni « eu connaissance » du projet de l’assaillant.

Il affirme avoir été « très choqué par la monstruosité de cet acte ». Ramzi Arefa a admis avoir fourni une arme à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Mais ce Franco-Tunisien de 27 ans a réfuté avoir eu connaissance des desseins du terroriste, tué par la police au volant du camion avec lequel il avait foncé dans la foule massée sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016, à Nice. L’attaque a fait 86 morts et des centaines de blessés.

« Je sortais de prison, mon objectif c’était l’argent […]. Je lui vendais de la drogue. Un jour, il m’a demandé un pistolet. J’ai pris des contacts et fait la transaction, sans poser de question », a expliqué à la cour d’assises spéciale le petit caïd, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste. Comme Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, deux membres de l’entourage de l’assaillant. Tandis que cinq autres personnes sont jugées pour des infractions de droit commun.

De « l’humour tunisien »

Les principaux accusés, interrogés tour à tour depuis le 2 novembre, ont tous contesté « avoir aidé » ou « su » le projet mortifère de Lahouaiej-Bouhlel. Cherchant souvent à minimiser leurs relations avec lui, malgré de nombreux échanges téléphoniques, des photos, etc. L’accusation pointe, elle, une « grande proximité ». Et estime qu’ils étaient « conscients » de « l’adhésion récente à l’idéologie du jihad armé » du chauffeur-livreur tunisien, qui regardait de nombreuses vidéos d’exactions.

Il « ne parlait pas de choses de ce genre », ont rétorqué ces hommes qui se présentent « musulmans, peu ou pas pratiquants ». N’ayant « rien à voir avec l’islam radical » et la « violence ». Mohamed Ghraieb a nié être l’auteur d’un SMS saluant les attentats de janvier 2015. Et Chokri Chafroud a plaidé une « mauvaise interprétation » d’un de ses messages Facebook ambigu : « Charge le camion, mets dedans 2 000 tonnes de fer et nique, coupe lui les freins mon ami, et moi je regarde ». De « l’humour tunisien », selon lui, pour dire à Lahouaiej-Bouhlel, « d’arrêter de râler tout le temps sur son travail ».

Ils disent « ne pas avoir compris » les messages

Ils se sont aussi défendus d’avoir participé à la recherche d’armes pour le terroriste. Chafroud assurant, dans différentes versions, ne pas avoir donné suite à sa demande. Ghraieb d’avoir même été sollicité. Tous deux étaient montés les 11 et 12 juillet dans le camion utilisé pour l’attentat. Mais « sans rien soupçonner » : l’un pensant à un des « véhicules de travail » du chauffeur-livreur, l’autre qu’il « l’avait acheté pour le revendre ».

Avant cela, les trois accusés avaient reçu le 5 juillet un SMS comportant le mot « Ada » de la part de Lahouaiej-Bouhlel, semblant les tenir informés de ses recherches d’un poids lourd dans une agence de location. Tous disent « ne pas avoir compris le message, comme d’autres » de l’assaillant. Notamment celui du 14 juillet, envoyé à Ramzi Arefa à 22 h 27, avant de lancer son attaque : il lui demande de nouvelles armes, précisant que « Chokri et ses amis sont prêts pour le mois prochain » et se trouvent chez « Walid », le surnom de Mohamed Ghraieb.

Crédit photos : Article de Philippe MIRKOVIC pour Ouest-France 15/11/22

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