Attentat de Nice : Procès ordonné contre l’assaillant de la basilique Notre Dame

COUR D’ASSISES SPÉCIALE Un Tunisien âgé de 24 ans sera jugé pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste »

Un juge d’instruction antiterroriste a ordonné ce vendredi un procès devant la cour d’assises spéciale contre Brahim Aouissaoui, le suspect de l’attaque dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption, à Nice, le 29 octobre 2020, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information de Nice-Matin. Ce matin-là, trois personnes avaient été mortellement blessées à l’arme blanche.

L’assaillant, un Tunisien âgé de 24 ans qui assure n’avoir conservé aucun souvenir des faits, sera jugé pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste », selon l’ordonnance de mise en accusation.

La « détermination du dessein mortifère » de l’assaillant
Le juge d’instruction a suivi les préconisations du Parquet national antiterroriste. Dans son réquisitoire définitif signé le 7 septembre, le Pnat soulignait la « détermination du dessein mortifère » de l’assaillant et le « caractère terroriste des faits ».

Brahim Aouissaoui a, lui, affirmé tout au long des investigations n’avoir conservé aucun souvenir des faits. Face au juge d’instruction antiterroriste qui l’a interrogé cinq fois entre le 6 avril 2021 et le 28 novembre 2022, il avait répondu : « Je ne m’en souviens pas », « je n’ai rien à dire ». « Normalement, demain, je partirai en France, le pays des mécréants et des chiens », écrivait-il pourtant à un contact quelques jours avant les faits.

« Un non-lieu a été requis concernant les faits d’association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes », avait précisé le Pnat. Les « investigations fouillées » réalisées en France et en Italie ainsi que « des vérifications » menées en Tunisie n’ont pas permis en effet de déterminer qu’il avait été incité à passer à l’acte ni qu’il avait bénéficié d’une aide pour la réalisation de son projet, était-il écrit dans le réquisitoire. « Les investigations très complètes réalisées en Italie et en France permettent d’exclure qu’il ait reçu dans ces deux pays une assistance en connaissance de son projet criminel », souligne également le juge d’instruction.

Trois victimes de 44 à 60 ans
Selon le déroulé détaillé par l’accusation, le 29 octobre 2020, vers 08h30, Brahim Aouissaoui, 21 ans, pénètre dans l’édifice religieux armé d’un couteau d’une lame longue de 17 cm. D’abord, il décapite pratiquement Nadine Devillers, une fidèle de 60 ans. Puis, il poignarde la Franco Brésilienne Simone Barreto Silva, 44 ans, qui se réfugie dans un restaurant avant de mourir, et le sacristain Vincent Loquès, 55 ans, père de deux filles.

Il avait brandi son couteau en criant « Allah Akbar » lorsqu’il s’était retrouvé face à une patrouille de la police municipale qui intervenait dans la basilique. Grièvement blessé par balle, il avait été conduit à l’hôpital. Son attaque n’a pas été revendiquée par les groupes djihadistes, qui s’en sont néanmoins félicités. A son réveil, après deux interventions chirurgicales et un séjour en réanimation, le jeune homme avait assuré avoir tout oublié des faits. Brahim Aouissaoui, 24 ans aujourd’hui, a maintenu cette position tout au long des investigations. « L’enjeu de ce dossier va quand même consister de manière singulière à interroger une personne sur le déroulement des faits dont elle n’a aucune mémoire », a réagi son avocat Me Tewfik Bouzenoune.

Le procès « sera très important pour les parties civiles, même si je n’attends rien d’un accusé dont le système de défense a toujours été de se retrancher derrière une amnésie fantaisiste », a considéré Me Philippe Soussi, avocat du mari d’une victime et de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT). Les familles « souhaitent que l’accusé réponde de ses actes, même s’il est dans le déni total », a souligné Me Samia Maktouf, qui représente la famille du sacristain.

Cet article est rédigé par 20 minutes avec AFP.

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