Le parquet a requis ce mercredi 29 novembre une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Clément Baur et Mahiedine Merabet, jugés devant les assises spéciales pour un projet d’attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017.
Clément Baur, 23 ans et Mahiedine Merabet, 29 ans à l’époque des faits en 2017 ont été arrêtés à Marseille le 18 avril 2017. Ils étaient sur le point de commettre un attentat sur le sol français. Ils sont jugés depuis le 30 octobre à Paris devant la cour d’assises spéciale. Ce mercredi 29 novembre, le parquet a requis 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Les réquisitions
"Il s’en est fallu de peu pour que la cité phocéenne connaisse une tuerie de masse", ont affirmé les avocates générales dans leurs réquisitions à deux voix. Elles ont demandé à la cour "une peine à la hauteur de la dangerosité" des deux accusés, "solidaires et qui se soutiennent l’un l’autre". Le "passage à l’acte" de Clément Baur et Mahiedine Merabet était "imminent", ont assuré les représentantes du parquet. Les "recherches de cibles potentielles" effectuées dans les jours précédant leur interpellation, à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle, constituent la preuve, selon elles, que les deux hommes étaient prêts à commettre "un carnage".
Des cibles potentielles recherchées
Après cinq ans d’enquête, la cible des djihadistes n’a pas été établie avec certitude. Dans leur vidéo postée sur Télégram, ils avaient filmé l’inscription "Loi du Talion" composée avec un assemblage de munitions de calibre 9 mm, des représentations d’un drapeau de l’EI, un Coran, un pistolet-mitrailleur Uzi et la Une du Monde du 16 mars 2017 consacrée à la campagne électorale, avec la photo de François Fillon, candidat du parti Les Républicains.
L’exploitation de supports numériques a montré des recherches pouvant orienter vers de potentielles cibles à Marseille : des clubs libertins, "des bars, un restaurant casher, un meeting de Marine Le Pen à Marseille. "Autant de cibles qui répondaient aux objectifs de l’Etat islamique ", a souligné l’une des avocates générales.
"On était dans un jeu"
Repérés par un agent cyber-infiltré de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les deux hommes ont été arrêtés à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle dans le 3e arrondissement de Marseille, rue de Crimée.
"On était dans un jeu", a affirmé Mahiedine Merabet, 36 ans, le seul des accusés à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale. Son compère Clément Baur, 30 ans, a expliqué que commettre un attentat "n’était pas un truc" pour lui.
Dans leur cachette, un petit appartement d’étudiant, situé rue de Crimée dans le 3ᵉ arrondissement, près de la gare Saint-Charles, les policiers ont découvert un arsenal de guerre : un pistolet-mitrailleur Uzi, deux armes de poing, des boîtes de munitions, 3,5 kilos de TATP, un explosif artisanal prisé des djihadistes d’EI, une grenade artisanale, un sac de boulons et de la propagande djihadiste. "C’est la plus grande quantité de TATP retrouvée dans le cadre d’un dossier terroriste", a fait remarquer une avocate générale. Explosif très instable, le TATP a notamment servi à confectionner les ceintures explosives des auteurs des attentats du 13-Novembre à Paris et Saint-Denis. Les deux hommes avaient également acquis une caméra GoPro. De quoi, selon l’accusation, commettre un carnage et le filmer. Après les plaidoiries de la défense prévues jeudi et vendredi, le procès doit s’achever samedi.
De 5 à 15 ans requis pour les autres accusés
Concernant les dix autres accusés, dont un en fuite jugé par défaut, le parquet a requis deux acquittements et réclamé des peines allant de cinq ans, assortis de deux à trois ans de sursis, à 15 ans de réclusion criminelle. Au cours de leurs interrogatoires, Clément Baur, 30 ans, et Mahiedine Merabet,36 ans, ont nié préparer un attentat.
Cet article est rédigé par Sidonie Canetto et AFP pour France3.