Attentats de Bruxelles : Salah Abdeslam et Mohamed Abrini déclarés coupables d’assassinats dans un contexte terroriste

Les deux hommes encourent une peine de réclusion à perpétuité pour les attaques du 22 mars 2016 dans la capitale belge, qui ont fait 35 morts. Comme le veut la loi belge, les peines visant les accusés déclarés coupables ne seront prononcées que dans un deuxième temps, au début de septembre.

Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, déjà condamnés à la prison à vie en 2022 à Paris pour les attentats du 13 novembre 2015, ont été déclarés coupables d’« assassinats dans un contexte terroriste », mardi 25 juillet à Bruxelles, lors du procès sur les attentats djihadistes qui ont eu lieu en 2016 dans la capitale belge.

Il s’agit de l’infraction la plus grave retenue devant la cour d’assises de Bruxelles pour juger ces attaques-suicides qui ont ciblé l’aéroport et le métro de Bruxelles le 22 mars 2016, dans lesquelles 35 personnes sont mortes et plus de 300 ont été blessées. Tous deux encourent une peine de réclusion à perpétuité.

Dans son arrêt motivé, la cour a rappelé qu’après les attentats du 13-Novembre en France, Salah Abdelsam avait partagé le quotidien des membres de la cellule repliés à Bruxelles, des « frères » radicalisés dont « il ne s’est jamais désolidarisé ». A l’inverse de Mohamed Abrini, Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, près de la capitale belge et, de fait, en prison le jour des attentats, a contesté sa participation aux faits.

Mais sa ligne de défense n’a pas convaincu le jury, qui a en revanche suivi les arguments du parquet fédéral. Peu importe la date et la cible précises, Salah Abdeslam « avait connaissance des projets » d’attentat du groupe, auquel il a apporté « une aide indispensable », ont tranché les juges. Son avocat, Michel Bouchat, s’est dit « très déçu » par ce verdict qui a laissé son client « abasourdi ».

Même déclaration de culpabilité pour le Belgo-Marocain Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » qui accompagnait les deux assaillants de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et a renoncé au dernier moment à se faire exploser.

Jury populaire

Dans ce procès hors normes, ouvert en décembre 2022 dans la capitale belge, dix prévenus étaient jugés pour leur participation présumée à des activités terroristes. Parmi ces dix accusés, six avaient déjà été condamnés en France en juin 2022 pour leur rôle dans les attentats du 13-Novembre à Paris et au Stade de France.

A Bruxelles, neuf hommes au total ont comparu, dont MM. Abdeslam et Abrini, tandis qu’un dixième, Oussama Atar, commanditaire présumé des attentats – et de ceux de Paris – a été jugé par contumace, car présumé mort en Syrie.

Salah Abdeslam – qui avait réussi à regagner la Belgique après les attaques en région parisienne – et ses complices étaient jugés par un jury populaire, et non une cour d’assises spéciale composée de magistrats professionnels, comme ce fut le cas à Paris.

Le parquet fédéral belge avait souhaité la condamnation pour assassinats dans un contexte terroriste pour huit des dix accusés, considérés comme les « coauteurs » des faits, dans son réquisitoire au printemps. Il n’a été suivi par le jury populaire que dans six cas.

Ainsi, le Tunisien Sofien Ayari, complice de la fin de cavale d’Abdeslam, arrêté comme lui le 18 mars, et le Rwandais Hervé Bayingana Muhirwa, accusé d’avoir hébergé entre autres Mohamed Abrini à Bruxelles, échappent à la condamnation pour l’infraction la plus grave. Les deux hommes sont toutefois déclarés coupables de participation aux activités d’un groupe terroriste, ce qui peut leur valoir jusqu’à dix ans de prison.

Les deux derniers accusés, les frères Smail et Ibrahim Farisi, qui comparaissaient libres, ont été acquittés. Seul l’acquittement du frère cadet Ibrahim avait été réclamé par le parquet fédéral. Mais la cour n’a pas pu prouver non plus la complicité de l’aîné Smail, malgré sa proximité avec les frères El Bakraoui (deux des trois djihadistes morts en kamikazes).

Le bilan réévalué à 35 morts

Le matin du 22 mars 2016, deux hommes s’étaient fait exploser à l’aéroport international de Bruxelles-Zaventem, et un troisième une heure plus tard dans une rame de métro en plein quartier européen.

La cour d’assises a jugé mardi que ces attentats avaient fait 35 morts et non pas 32. Les juges ont estimé que « le lien de causalité » entre les attentats et le décès était établi pour trois personnes supplémentaires, dont une jeune femme de 23 ans présente à Zaventem le 22 mars, restée traumatisée et qui a eu recours à une euthanasie en 2022.

Comme le veut la loi belge, les peines visant les accusés déclarés coupables ne seront prononcées que dans un deuxième temps, après une nouvelle phase de réquisitions et de plaidoiries de la défense. Cette étape n’aura lieu qu’au début de septembre, après les vacances judiciaires.

Certaines des milliers de personnes qui s’étaient constituées parties civiles ont pris la parole durant le procès, de même que quelque 370 experts et témoins. Outre les 35 morts, l’acte d’accusation a recensé quelque 700 personnes blessées et traumatisées.

Cet article est rédigé par Le Monde avec AFP et Reuters.

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