Attentats de Bruxelles : les dernières avancées de l’enquête

C’était le seul homme inculpé dans le cadre de l’enquête sur les attentats revendiqués par l’Etat islamique qui ont fait 35 morts à Bruxelles le 22 mars. Fayçal Cheffou, poursuivi depuis samedi pour assassinats terroristes et tentative d’assassinats terroristes dans le cadre de l’enquête ouverte en Belgique, a été remis en liberté, a annoncé, lundi 28 mars, le parquet fédéral belge. « Les indices qui avaient entraîné l’arrestation du nommé Fayçal C. n’ont pas été confortés par l’évolution de l’instruction en cours. En conséquence, l’intéressé a été remis en liberté par le magistrat instructeur », a déclaré le parquet dans un communiqué, sans autre précision.

Cheffou libéré, une arrestation en Italie

Fayçal Cheffou avait été arrêté jeudi 24 mars avec deux autres personnes, dans une voiture stationnée devant le parquet fédéral, en plein centre de Bruxelles. Les enquêteurs avaient tenté d’établir son rôle exact lors de l’attaque terroriste de l’aéroport de Zaventem, au côté de deux kamikazes – Najim Laachraoui, coordinateur et artificier présumé des attentats du 13 novembre en France, et Ibrahim El Bakraoui –, ou lors de l’attaque du métro Maelbeek, au côté du kamikaze Khalid El Bakraoui.

Connu notamment pour un vol de matériels à la police de Molenbeek, en 2002, Fayçal Cheffou avait été dénoncé au parquet par le maire de Bruxelles en 2015. Il tentait apparemment de recruter des demandeurs d’asile pour le djihad. En 2014, il se présentait comme journaliste indépendant, dans une vidéo publiée sur YouTube. Le sujet de son reportage : le respect du ramadan dans un centre de demandeurs d’asile. Le parquet a précisé dans un communiqué qu’aucune arme ni aucun explosif n’avaient été trouvés lors de la perquisition de son domicile.

Un ressortissant algérien, Djamal Eddine Ouali, a été arrêté à la demande de la justice belge, le 26 mars, dans la région de Salerne, près de Naples, dans le sud de l’Italie. Selon des sources policières citées par plusieurs médias italiens, l’homme de 40 ans était visé par un mandat d’arrêt européen émis en Belgique dans le cadre d’une enquête sur des documents falsifiés utilisés par des kamikazes des attentats du 13 novembre ainsi que par certains de leurs complices. Complice présumé des terroristes de Bruxelles, il devrait être extradé dans les prochains jours vers la Belgique.

Le bilan : 35 morts, 350 blessés

Le bilan officiel des deux attaques terroristes, donné dans la nuit de dimanche à lundi, est de 35 morts (auxquels s’ajoutent les trois kamikazes) et 350 blessés. Vingt-huit des 35 personnes tuées ont été identifiées.

Vendredi, le Quai d’Orsay a annoncé qu’un Français – dont l’identité n’est pas encore connue – figurait parmi les tués. Parmi les autres étrangers morts dans les attentats se trouvent au moins quatre Américains, trois Néerlandais, une Allemande, un Britannique, un Chinois, une Italienne, une Marocaine et une Péruvienne.

L’alerte pour menace terroriste a été établie au niveau 3 (sur 4) en Belgique.

L’attentat à l’aéroport de Zaventem

Deux explosions meurtrières se sont produites. La première à 7 h 58 dans le hall des départs, au niveau de la rangée 11 ; la seconde quelques secondes plus tard, à hauteur de la rangée 2. Un bilan officiel fait état de 15 morts (dont 6 Belges et 9 étrangers) et une centaine de blessés.

Le procureur a également évoqué la photo diffusée mardi par la police : l’homme au milieu sur l’image de vidéosurveillance, mort en kamikaze en faisant sauter son sac rempli d’explosif, a été identifié grâce à ses empreintes digitales comme étant Ibrahim El Bakraoui, né en 1986 et de nationalité belge.

Selon les informations du Monde, l’homme à gauche sur l’image a été identifié par son ADN comme étant Najim Laachraoui. Ce Belge de 25 ans, coordinateur et artificier présumé des attentats du 13 novembre en France, est mort de la même manière à l’aéroport.

Le troisième homme, à droite sur la photo, portant une veste de couleur claire et un chapeau, est en fuite. Il a laissé dans l’aéroport un sac qui contenait la charge explosive la plus importante. Peu après l’arrivée des équipes de déminage, ce sac a explosé, le mélange qu’il contenait étant instable, mais sans faire de victime. Cet individu est activement recherché. Il présente des points de ressemblance avec Fayçal Cheffou.

Aucune arme de poing ou de guerre n’a été trouvée à l’aéroport.

L’attentat dans le métro

L’explosion a eu lieu à la station de métro Maelbeek. Elle s’est produite dans le deuxième des trois wagons d’une rame, alors que celle-ci s’apprêtait à quitter la station en direction d’Arts-Loi. Selon le bilan officiel belge, cette attaque terroriste a fait 13 morts (dont 10 Belges et 3 étrangers) et 130 blessés.

Le kamikaze a été identifié grâce à ses empreintes. Il s’agit de Khalid El Bakraoui, frère d’Ibrahim, né à Bruxelles le 12 janvier 1989, de nationalité belge. Les deux frères avaient de lourds antécédents judiciaires non liés au terrorisme.

Selon les informations du Monde, un complice est activement recherché. Il a été filmé mardi, portant un gros sac, par les caméras de vidéosurveillance du métro bruxellois en compagnie de Khalid El Bakraoui, peu avant que ce dernier ne se fasse exploser dans la station de Maelbeek.

Les perquisitions et le « testament » d’Ibrahim El Bakraoui

Un chauffeur de taxi, qui a déposé les trois suspects à l’aéroport et s’est par la suite signalé à la police, a permis d’identifier le lieu d’où étaient partis les terroristes : la rue Max-Roos, à Schaerbeek, une commune de Bruxelles. Une perquisition a abouti à la découverte de 15 kilogrammes d’explosif de type TATP, 150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des détonateurs et une valise remplie de clous et de vis, ainsi que du matériel destiné à confectionner des engins explosifs (bacs en plastique, ustensiles divers, ventilateurs).

Une autre perquisition menée à Schaerbeek a, elle, abouti à l’interpellation d’un homme, actuellement entendu par les enquêteurs.

Les enquêteurs ont aussi retrouvé, dans une poubelle de la rue Max-Ross, un ordinateur portable qui contenait un document présenté par le procureur comme le « testament » d’Ibrahim El Bakraoui. L’homme y déclare être « dans la précipitation » et « ne […] plus [savoir] quoi faire », « [être] recherché de partout, ne […] plus [être] en sécurité ». Il explique aussi que « s[’il s’]éternise », il risque de terminer « dans une cellule », « avec lui », faisant référence, semble-t-il, au suspect-clé des attentats de Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Molenbeek, une commune bruxelloise.

Cet homme, incarcéré dans une prison belge et suspecté d’être un logisticien des attentats du 13 novembre, « était prêt à refaire quelque chose » à Bruxelles, avait affirmé le 20 mars le ministre des affaires étrangères de Belgique. Ses empreintes avaient été retrouvées dans un appartement de Schaerbeek le 10 décembre. Quant aux frères El Bakraoui, ils étaient déjà recherchés dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre, depuis la perquisition d’un appartement – dans lequel Salah Abdeslam a séjourné – qui a viré à la fusillade, le 15 mars, à Forest, une autre commune bruxelloise.

Crédit photos : Source : lemonde.fr Date : 28.03.2016

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