ATTENTATS DE LA TERRASSE ET DU RADISSON BLU A BAMAKO EN 2015 I LES JUGES CONDAMNENT LES ACCUSÉS À LA PEINE CAPITALE.

Le procès des attentats au café-restaurant La Terrasse du 7 mars 2015 et à l’hôtel du Radisson Blu du 20 novembre 2015 s’est achevé hier soir, après 9 heures continues d’audience.

Après plusieurs semaines de doute quant à la présence du principal accusé et auteur, Fawaz Ould Ahmed, non démentie par les autorités françaises et dont la libération avait été ébruitée en échange de Sophie PETRONIN, celui-ci est finalement apparu devant la Cour d’assises de Bamako ces 27 et 28 octobre 2020.

La retransmission salle Rivero au sein de la Cour d’appel de Paris a permis aux proches des victimes françaises et belges qui le souhaitaient d’assister aux débats en direct. Malgré les difficultés techniques locales qui ont fortement altéré la retransmission des échanges et leur bonne compréhension, les efforts déployés par les autorités et la coopération franco-malienne pour permettre d’aboutir à un procès retransmis en direct, évitant ainsi un déplacement à Bamako dans un contexte sécuritaire et sanitaire difficile, est à souligner.

Co-auteur de l’attentat de La Terrasse et instigateur de ceux des hôtels du Radisson Blu, du Byblos et du Nord-Sud, Fawaz OULD AHMED, était notamment renvoyé pour assassinats, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme. Le second auteur a, quant à lui, été abattu lors de son interpellation.
L’accusé est apparu peu affecté devant la Cour, en optant pour une attitude nonchalante la plupart du temps.
Aux questions du Président, il a répondu sans détours sur son rôle et ses motivations. Il avait d’ailleurs déjà reconnu les faits lors de sa garde à vue. Toutefois, il est revenu sur les autres charges pesant contre lui et a contesté l’association de malfaiteurs et le financement du terrorisme déclarant ne pas se considérer comme terroriste mais comme un musulman qui défend sa religion.

Ses remords étaient uniquement destinés aux victimes maliennes, qu’il ne voulait ni blesser ni tuer. Par ces attaques, il a expliqué avoir voulu viser exclusivement des occidentaux pour donner suite aux attentats de Charlie Hebdo deux mois auparavant.
En réponse à la question d’un avocat des parties civiles, il précisera qu’il regrette de ne pas avoir su qu’un équipage d’Air France était présent au Radisson Blu le soir des faits, car autrement il l’aurait particulièrement visé. Sa défense s’est résumée à imputer la responsabilité de ses actes à l’Occident, qui a vendu les armes utilisées lors des attaques.

Le deuxième accusé qui comparaissait est Sadou Chaka, celui-ci a transporté les armes et les auteurs de l’attentat du 20 novembre 2015 sur place. Ont également été relevés à son encontre plusieurs allers-retours et repérages des lieux quelques jours avant l’attaque. Agé de 16 ans au moment des faits, et donc mineur, il a plaidé son absence de connaissance de l’intention terroriste des personnes l’accompagnant. Son avocat a également insisté sur son absence de discernement eu égard à son jeune âge de l’époque.

Le troisième protagoniste, accusé de complicité d’association de malfaiteurs et financement du terrorisme, avérée dans l’attentat du Radisson Blu, Abdoulbaki Abdramane Maïga, était quant à lui absent du procès. Sa non-comparution n’a toutefois été relevée que le deuxième jour par les avocats des parties civiles désirant renvoyer l’audience à cet effet. La Cour n’a finalement pas fait droit à cette demande. Celui-ci aurait donc possiblement été libéré lors des négociations sus-évoquées.

Aux interrogatoires, ont succédé les témoignages des victimes présentes dans la salle. Un seul avocat des parties civiles abordera la réparation, évoquant la peine et la souffrance des victimes, l’avocat a souligné que la Cour ne devait pas oublier de leur octroyer une indemnisation proportionnée aux préjudices subis. Les autres avocats se sont quant à eux concentrés sur les charges contre les accusés.

Dans ses réquisitions, le Ministère Public a appelé à retenir tous les chefs d’inculpation, ce qui sera suivi par la Cour d’assises. Les juges se sont ensuite retirés une nouvelle fois pour discuter de la peine. Le délibéré, qui a duré moins d’une dizaine de minutes, a retenu la peine de mort à l’encontre des deux accusés, mais aussi par contumace envers le troisième homme absent. L’audience sur les intérêts civils a été renvoyée à une date ultérieure.

Le Mali pratiquant un moratoire sur la peine capitale, cette peine ne sera peut-être pas appliquée. En effet, elle peut être prononcée mais est généralement transformée en réclusion criminelle à perpétuité. Qui plus est, la presse française sur place a relevé que les accusés avaient intenté un pourvoi devant la Cour de cassation pour essayer de mettre en échec cette condamnation.

Il n’en demeure pas moins que ce verdict a été un soulagement pour les familles des victimes et les rescapés. En effet, voir l’auteur principal des faits condamné est symboliquement une étape dans leur parcours vers l’apaisement.

La FENVAC salue la qualité de ce processus judiciaire, fruit d’une coopération nourrie entre la France et le Mali qui permet aujourd’hui aux proches de victimes de ces attentats commis en dehors de nos frontières d’accéder à la vérité et à la justice, en mémoire des disparus.

Retrouvez l’interview de la FENVAC en réaction à ces trois jours de procès :

https://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-de-bamako-fawaz-ould-ahmed-repondra-des-crimes-dont-il-est-soupconne-27-10-2020-8405286.php

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes