Attentats de Paris : ce que la Belgique savait sur les frères Abdeslam

La police fédérale de Bruxelles et le parquet antiterroriste belges ont peut-être commis une erreur de taille en classant sans suite, à la mi-2015, des informations de la police locale sur Salah Abdeslam, ses liens avec l’organisation Etat islamique (EI) et son intention de rejoindre la Syrie. Si elle est confirmée, l’information dévoilée en partie par la RTBF, dimanche 28 février au soir, devrait relancer les polémiques sur la manière dont ont été conduites des enquêtes antiterroristes avant les attentats du 13 novembre à Paris.

Le Comité P, un organe de contrôle externe au service du Parlement fédéral, doit débattre, à huis clos, dans les prochains jours, du travail des services de renseignement avant ces attaques. Il devrait notamment se pencher avec attention sur le cas de celui qui a participé aux attentats mais a échappé jusqu’ici, et à plusieurs reprises, à la police : Salah Abdeslam.

Pourquoi les informations de la police locale de la zone ouest de Bruxelles, dont fait partie Molenbeek, n’ont-elles pas été prises au sérieux ? C’est l’une des questions qui agitent le monde judiciaire et le parlement, même si le Comité P s’apprêterait, selon certaines sources, à présenter un rapport plutôt favorable pour les autorités compétentes. La Sûreté de l’Etat (renseignement intérieur) vient, elle aussi, de détailler son travail et le juge très positif. Quant au gouvernement fédéral, il entend défendre bec et ongles l’image et la réputation du pays.

Audition en février

Il reste toutefois à élucider le cas des frères Brahim et Salah Abdeslam. Tous deux avaient attiré l’attention des policiers de Molenbeek dès janvier 2015, au lendemain du démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers. Des informations récoltées à l’époque sur ces deux hommes, non fichés jusque-là, évoquaient leur possible départ pour la Syrie. Un procès-verbal a été rédigé le 30 janvier. Le 28 février, Salah Abdeslam est auditionné. Son processus de radicalisation est sans doute achevé mais il nie toute implication dans des activités terroristes. S’il avoue connaître Abdelhamid Abaaoud, l’un des coordinateurs présumés des attentats de Paris, c’est, dit-il, parce qu’il est l’un de ses anciens copains de son quartier.

Le parquet et la police fédérale de Bruxelles vont alors reprendre le dossier. Selon la RTBF, aucune enquête de terrain et aucune perquisition ne seront toutefois menées, les Abdeslam n’étant pas jugés « menaçants ». Aucune écoute ne sera pratiquée.

Le 20 mars, l’Office central d’analyse de la menace, qui fixe le niveau d’alerte et reçoit les informations de divers services officiels, a cependant intégré Salah Abdeslam dans sa liste des djihadistes potentiels. Et cette liste sera notamment envoyée – en juin apparemment – à la maire de Molenbeek et au commissaire de la police locale. Interpol en disposera également.

Etrange : le 8 mai, la police fédérale estime, quant à elle, qu’il est apparemment impossible de prouver les renseignements de la police locale. Le 29 juin, le parquet fédéral classe l’affaire, soit quatre semaines avant un voyage de l’intéressé en Grèce, où il rencontre Ahmed Dahmani, qui aurait effectué des repérages à Paris et a été arrêté en Turquie peu après les attentats. Au début du mois de septembre, Salah Abdeslam est en Hongrie pour y récupérer deux complices impliqués dans les attentats parisiens.

Crédit photos : Source : lemonde.fr Auteur : Jean-Pierre Stroobants Date : 29/02/2016

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