Rédigés en plus de trente langues, les petits mots déposés sur les lieux des drames sont aujourd’hui classés par catégories.
Dès le 14 novembre 2015, des milliers d’anonymes, — riverains, parisiens, français, étrangers —, ont couvert les rues de Paris d’hommages aux victimes des attentats de la veille, qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés.
Ces documents, publiés en ligne début 2017, ont fait l’objet d’un classement par catégories, visible depuis la semaine dernière sur le site des Archives des Paris qui a réalisé ce travail d’indexation. Pour le sociologue Gérôme Truc, à l’initiative du projet, cela permet de « restituer au grand public avec les clés de lecture » le mouvement de solidarité qui a suivi les attentats. Et de montrer toute la « diversité » de ces témoignages de compassion, jusque-là principalement consultés par les chercheurs.
Près de 8000 documents. Dessins, photos, partitions, petits mots griffonnés ou textes travaillés, les 7696 documents récoltés pendant quatre mois (entre le 3 décembre 2016 et le 1er mars 2017) prennent des formes diverses. On trouve quelques exemplaires de Paris est une fête d’Ernest Hemingway ou du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. A noter que la plupart de ces objets ne dépassent pas la taille d’une feuille A4.
Plus de 33 langues. Les messages sont rédigés dans au moins 33 langues différentes, même si le français est utilisé dans plus de 76 % des cas. Le site des Archives de Paris permet de retrouver les rares hommages écrits en sanskrit, indonésien, vietnamien, maori ou encore en alsacien.
4180 dessins. Le cœur est le symbole le plus souvent représenté dans ces hommages (2290 fois), devant le drapeau français (1887), le symbole « Peace for Paris » (1047) et la tour Eiffel (853). Au détour d’une recherche, on trouvera plusieurs dessins d’enfants, très touchants, figurant l’irruption des terroristes dans le Bataclan.
« Liberté », ils ont écrit son nom. De nombreuses personnalités sont citées, du Dalaï-Lama à France Gall. Paul Eluard, auteur du poème Liberté, est la célébrité qui revient le plus (45), suivi par Louis Aragon et son illustre poème Paris (21). La formule « Pray for Paris » est employée plus fréquemment que la devise de la France, « Liberté, Egalité, Fraternité » (708 fois contre 504).
Pas tous les documents. Certains hommages ne peuvent être publiés, soit parce qu’il s’agit de photographies de personnes identifiables, soit parce qu’ils contiennent des propos haineux. Ils représentent néanmoins une infime proportion. Les messages déposés sur la place de la République à Paris ont été gérés par un collectif, 17 Plus jamais, et ne figurent pas sur le site des Archives de Paris.
Plus loin. Avec d’autres chercheurs et archivistes, le sociologue Gérôme Truc analyse actuellement avec des étudiants le sens des messages. La matière de cette recherche inclut également des photographies prises sur les sites de recueillement. Un ouvrage collectif pourrait voir le jour dès cette année.
Date : 18/11/17
Auteur : Gaël Lombart
Source : Le Parisien