Avant le procès des attentats de Bruxelles, les victimes se sont senties « abandonnées »

Ce lundi, le procès des attentats de Bruxelles, où 32 personnes avaient été tuées en 2016, s’ouvre pleinement. Les attentes des victimes, dont beaucoup se sont senties « abandonnées » par l’État belge, sont diverses.

"On attend ce procès depuis très longtemps". E"t maintenant qu’il est devant notre porte, c’est curieux, mais je ne me sens pas prêt. Il va pourtant bien falloir affronter ce moment" ​, nous confiait, il y a quelques jours, Philippe Vansteenkiste. Celui qui est devenu directeur de l’association de victimes V-Europe a perdu sa sœur à l’aéroport de Zaventem, le 22 mars 2016. Elle fut l’une des trente-deux personnes tuées dans les attentats de Bruxelles, une capitale belge jusqu’alors épargnée par les attaques terroristes.

Ce 22 mars 2016, il y a seulement quatre jours que Salah Abdeslam, alors en fuite après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, a été arrêté à Molenbeek. Selon les enquêteurs, c’est vraisemblablement ce qui a précipité le passage à l’acte de la cellule terroriste ayant déjà préparé les attentats de Paris.

À 7 h 58, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui font exploser leur charge à l’aéroport. Un troisième terroriste, Mohamed Abrini, lui, renonce et abandonne son chariot contenant 40 kg d’explosif TATP. Quatre mois plus tôt, à Paris, il avait déjà renoncé à participer aux attaques du 13-Novembre. Sa participation aux attentats parisiens lui a, toutefois, valu d’être condamné à la prison à perpétuité, en juin dernier.

Ce 22 mars 2016, à 9 h 11, c’est Khalid El Bakraoui, le frère cadet d’un des terroristes de l’aéroport, qui déclenche sa charge explosive dans le métro. Le bilan total est lourd : 32 morts, plus de 340 blessés immédiats et, comme à Paris, une sensation de sidération s’abat sur la capitale belge.

Ce lundi, devant la cour d’assises bruxelloise, le procès va commencer à aborder le fond du dossier. Dix accusés y sont jugés : sept dans le box (dont cinq ont déjà été condamnés pour les attentats parisiens), deux comparaissent libres, et le dixième, Oussama Atar, commanditaire des attentats parisiens et bruxellois, sera jugé par défaut car vraisemblablement mort en Syrie en 2017.

Comme au procès à Paris, les attentes, selon les parties civiles (environ mille), sont très variables. Certaines aimeraient des précisions sur ce que la cellule terroriste a fait entre le 14 novembre 2015 et le 22 mars 2016. D’autres n’attendent rien des accusés. Quelle sera d’ailleurs l’attitude de ces derniers ? Salah Abdeslam, qui s’est marié religieusement cet été à la prison de Fleury-Mérogis, continuera-t-il à osciller entre provocations, refus de répondre et explications sincères, comme lors du procès parisien ? Pour la plupart de ces accusés, ce procès sera sans doute l’une de leurs dernières possibilités de s’exprimer en public. C’est à prendre en compte. Peut-être que leur approche sera différente​, veut croire Philippe Vansteenkiste.

"Les parties civiles ne doivent pas trop investir dans le comportement des accusés. Car si elles attendent un repentir ou des excuses, elles se préparent à une sévère déconvenue"​, les a prévenues Philippe Duperron, le président de 13Onze15, en septembre à Bruxelles.

Ce qu’elles attendent toutes, en revanche, c’est une reconnaissance de leur statut de victimes. Elles ont toutes le sentiment d’avoir été abandonnées. Ici, il n’y a pas de fonds de garantie des victimes comme en France. L’État belge n’a même pas cherché à identifier toutes les victimes​, s’insurge Marion Roby, de Life for Bruxelles, autre association de victimes.

Le cas du conducteur du métro, attaqué par les terroristes le 22 mars 2016, qui n’a toujours pas reçu un euro d’indemnisation, a marqué de nombreux esprits. Je suis un oublié des attentats du 22 mars​, a-t-il témoigné à la RTBF.

L’État n’a tellement pas identifié les victimes que l’une d’elles a reçu une convocation pour être jurée au procès ! Un tel manque de discernement, c’est grave​, s’indigne-t-on à Life for Bruxelles. En Belgique, ce sont essentiellement les assurances de l’aéroport et du métro qui ont pris en charge les indemnisations. Le procès doit durer au moins six mois.

Crédit photos : article par Pierrick BAUDAIS publié sur ouest-france.fr

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes